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Londres, cœur économique du Royaume-Uni

« Malgré la crise, le Square Mile* reste le cœur économique du Royaume-Uni et l’une des premières places boursières du monde. Si la City compte 11 500 habitants en 2009, elle emploie environ 350 000 personnes, dont 63% dans la finance et l’assurance. La City s’incarne avant tout dans le London Stock Exchange (LES), la Bourse de Londres. Elle figure au premier rang mondial devant Tokyo pour les activités bancaires, et devant New York pour les transactions et le marché de devises. Elle domine également le secteur de l’assurance symbolisée par la Lloyd’s. La City accueille la Banque d’Angleterre, plus de 240 banques étrangères en provenance des cinq continents, les sièges sociaux de grandes firmes nationales ou à forte participation nationale, comme Shell et BP.
La réussite de la City est en partie liée à son autonomie historique qui remonte au Moyen Age. […] La City a conservé en partie cet héritage. Ainsi elle a toujours son propre maire, qui n’est pas celui de Londres. […] Mais sa réussite actuelle tient également à sa forte capacité d’adaptation aux évolutions du marché […]. La City bénéficie également d’une fiscalité britannique avantageuse. Le statut de l’anglais, principale langue du commerce, lui confère un atout supplémentaire, d’autant plus que la ville, située sur le fuseau horaire de Greenwich, peut dialoguer en temps réel avec l’Asie le matin, New York et Toronto l’après-midi. Si la mondialisation et le développement d’internet promettaient une déterritorialisation de l’économie, la bonne marche des grandes transactions internationales nécessite encore et toujours la rencontre en un même lieu d’un grand nombre de professionnels hautement qualifiés (directeurs de firmes, banquiers, experts-comptables, investisseurs, juristes…), professionnels que peu de villes du monde peuvent concentrer.
La crise financière en 2008-2009 et la crise de la dette en 2011 ont pourtant entamé son dynamisme. La place financière de Londres est […] de plus en plus menacée en particulier par des villes comme Hong-Kong et Singapour. Entre 2011 et 2012, le Centre pour la recherche sur l’économie et les entreprises estime que la City perdra 27 000 postes. Le nombre de salariés en 2011 est retombé au niveau de 1998 avec 288 000 salariés, loin du record de 2007, où l’on en comptait 354 000. […]
Cœur de la finance mondiale, Londres est aussi un hub pour une large palette de service aux entreprises. La présence de grandes firmes multinationales dans le Grand Londres génère une demande importante en services qui dépasse largement la seule sphère financière. Parmi les activités de support aux entreprises, les activités juridiques, de comptabilité et de gestion […]. Autour de ces firmes très profitables s’est aussi déployée toute une gamme de services de l’économie postindustrielle : communication, publicité, marketing, immobilier ou encore ressources humaines dépendent des commandes des grands groupes. D’autres activités, relevant des arts et des médias télévisuels sont encore plus concentrées à Londres. L’économie de la connaissance est devenue un atout pour la ville, notamment face aux métropoles émergentes. Sont concernés : publicité, télévision et cinéma, musique, arts mais aussi architecture. Les entreprises de ces secteurs, qu’elles soient britanniques ou étrangères, sont souvent des leaders mondiaux dans leur domaine. […] Le tourisme occupe enfin une place de plus en plus importante dans l’économie londonienne, notamment à l’approche des JO de 2012. »

 

*La City fait environ un mile carré, d’où ce nom.

 

Manuel APPERT, Mark BAILONI et Delphine PAPIN, Atlas de Londres : une métropole en perpétuelle mutation, Paris, Autrement, 2012

Shanghai, la nouvelle ville-monde (Le Point, 2011)

« New York peut trembler. Dès 2020, si l’on en croit les autorités locales, Shanghai sera le plus grand port du monde, la première place financière, le cœur d’un réseau de transports ultramodernes où les trains magnétiques croiseront des autoroutes suspendues, sur lesquelles rouleront des voitures électriques… Le principal centre de recherche et développement de la planète, la capitale des industries de pointe… A Shanghai, tout est superlatif, on en perd le souffle !

La roue tourne. Pour les Shanghaïens, aucun doute n’est permis. La Chine au sud du fleuve Bleu, dont Shanghai est aujourd’hui le cœur battant, n’était-elle pas symbolisée dans la tradition millénaire par un Phénix, cet oiseau mythique capable de renaître à l’infini ? Dans les années 30, Shanghai était déjà « l’Etoile de l’Asie ». Elle attirait dans ses concessions tout ce que le monde comptait alors d’aventuriers, de marchands, de réfugiés aussi, qui quittaient une Europe dévastée par la Première Guerre mondiale. Ouverte, internationale […] Shanghai faisait vibrer tous les imaginaires.

Puis vinrent l’occupation japonaise, la guerre civile entre nationalistes et communistes, le nouveau régime en 1949, les purges, le départ des étrangers, les excès de la Révolution culturelle…  Au début des années 80, Shanghai n’était plus qu’un vieux port endormi. Mais, en 1992, le père des réformes, DENG Xiaoping, a décidé d’en faire la vitrine de l’ouverture et de la modernisation chinoise.

Vingt ans ont passé… Il suffit de marcher sur le Bund, la célèbre promenade qui borde le fleuve, pour comprendre que le rêve est devenu réalité. Les rives marécageuses de Pudong, de l’autre côté du Huangpu, où l’on se rendait à l’époque en ferry, sont à présent reliées par des kilomètres de tunnels et de ponts.

Une ville ahurissante a germé, forêt de gratte-ciel audacieux qui titillent les nuages. Les plus grands architectes internationaux ont été appelés à les signer. De toute part, on accourt vers cette mégapole de 23 millions d’habitants qui ne cesse de gonfler : Chinois du continent, Taïwanais, Japonais, Coréens, mais aussi Américains ou Européens débarquent chaque jour dans cette ville qui ne s’arrête jamais, ni la nuit ni aucun jour de la semaine ou de l’année. On y donne les fêtes les plus extravagantes. Depuis juin, Pékin et Shanghai sont reliées en cinq heures par un TGV. Une trentaine de vols quotidiens les unissent. »

 

Caroline PUEL, « Shanghai, la nouvelle ville-monde », Le Point, 15 décembre 2011

Quelques données sur Londres, une métropole globale

« Capitale du Royaume-Uni et ancienne capitale impériale, Londres figure aux premiers rangs des îles à vocation de commandement mondial, rôle qu’elle esquissait dès le 18e siècle […]. Depuis les années 1980, la métropole s’est inscrite [dans] et a donné une impulsion à un réseau planétaire de villes qui transcende aujourd’hui les frontières nationales […].

Les savoir-faire dans les domaines du commerce, du négoce et de l’assurance assurent à Londres un rôle de marché mondial outre son rôle de commandement économique (sièges sociaux), d’innovation culturelle, scientifique et d’administration nationale. Londres est une ville-capitale de rang global avec pour hinterland* le monde et non plus le seul Royaume-Uni.

Londres est devenue la première place bancaire par la concentration de près de 550 banques étrangères. La capitalisation boursière du marché des actions de la métropole est équivalente à celle des principales bourses européennes combinées. Qui plus est, le London Stock Exchange est la bourse la plus internationalisée au monde bénéficiant des accumulations historiques et des liens que le Royaume-Uni a tissés au cours des deux derniers siècles […].

La métropole est par ailleurs, de très loin, le premier marché des changes, avec un chiffre d’affaires équivalent à 460 milliards d’euros échangés quotidiennement, plus que New York et Tokyo réunies. Premier marché pour les métaux (Metal Exchange) et l’affrètement maritime, la métropole est enfin le marché de l’assurance et de la réassurance le plus important au monde en termes de revenus. Même si le Royaume-Uni n’est plus une grande puissance, l’accumulation capitaliste lui a permis de conserver de grands groupes à l’échelle mondiale […]. Ils sont loin d’être isolés, puisque près du tiers des plus grandes compagnies européennes a élu domicile à Londres […].

Enfin, les entreprises londoniennes sont les plus connectées avec leurs homologues étrangères, ce qui révèle le degré d’internationalisation de Londres à l’échelle mondiale. »

 

*Hinterland : arrière-pays.

 

Manuel APPERT, « Londres : métropole globale », in Geocarrefour Vol. 8, 3/2, 2008

Remarques sur l’évolution de la situation des femmes en France depuis 1968 (Conseil économique et social)

« Lors du recensement de 1962, le nombre et la proportion des femmes dites « actives » engagées dans le monde du travail étaient les plus faibles qu’on ait connus en France, plus faibles encore que ceux des années 30, mais à partir de 1965, ces taux commencent à monter vite et fort. S’ouvre une période d’extension massive du salariat féminin, les intéressées investissant en particulier les emplois tertiaires. Et pourtant plus diplômées, plus actives, plus libres de leurs choix de vie, les femmes n’ont pas recueilli tous les avantages escomptés du développement de leur autonomie. Force est de constater que le principe « à travail égal, salaire égal », réaffirmé dans quatre lois votées depuis 1972, se heurte à la persistance de multiples discriminations, expression d’inégalités tenant aux modalités d’insertion des femmes sur le marché du travail et dans l’organisation des parcours professionnels. Et si les lois sur l’égalité professionnelle se sont multipliées, la résorption des disparités de carrières et des écarts de salaires évolue trop lentement.

Les années 1970 marquent parallèlement le début d’une évolution qui s’amplifiera par la suite des modes de vie des jeunes filles, tandis que les formes familiales se diversifient et que les relations de couple se fondent désormais sur des rapports égalitaires régis par la loi, tant en matière d’autorité parentale (loi du 4 juin 1970) que d’administration des biens de la famille (loi du 23 décembre 1985).

Emploi des femmes et organisation familiale ont certes évolué de concert, mais il n’en demeure pas moins que le travail domestique reste, de manière stable et quasi-imperturbable, un domaine encore largement dévolu aux femmes. Selon les enquêtes Emploi du temps de l’INSEE, depuis 20 ans, les hommes consacrent immuablement 2 heures par jour aux activités domestiques et parentales et les femmes plus du double (4 h 30 mn).

Les politiques publiques, les stratégies des entreprises prennent peu à peu en compte la conciliation vie professionnelle-vie familiale. Le partage du pouvoir, pour sa part, tant dans la sphère économique que politique, continue de se heurter à de très fortes résistances. L’accès des femmes aux lieux de décision ne progresse que très lentement et réclame une mobilisation et une vigilance constantes, et la timide extension de leur droit d’éligibilité ne repose que sur l’existence d’un dispositif législatif contraignant introduit par la loi du 6 juin 2000 dite de parité.

Pour autant, la société française est indéniablement féminisée, tout d’abord sur un plan quantitatif : il y a plus de femmes que d’hommes dans la population, cet écart s’accentuant avec l’âge. Au 1er janvier 2008, la population française (y compris Outre-mer) comptait 63,8 millions de personnes, dont 51,4 % de femmes (31,801 millions de femmes pour 30,075 millions d’hommes pour la seule métropole). Et, entre 1968 et 2008, la perception et la visibilité de cette féminisation se sont accentuées au niveau qualitatif, les femmes apparaissant de plus en plus présentes dans les différents domaines de la vie sociale et devenant des acteurs économiques à part entière. Les nouveaux droits qu’elles ont conquis ne suffisent toutefois pas à vaincre les difficultés, résistances et obstacles qui continuent de jalonner les différentes étapes de leur existence. »

 

« Évolution et prospective de la situation des femmes dans la société française, 1968-2008 ». Rapport du Conseil économique, social et environnemental, 2009 (La Documentation française)

Le boom du nombre d’expatriés à Hong Kong (Courrier international, 2012)

« Quelles que soient les raisons qui les poussent à quitter la France pour prendre un nouveau départ à Hong Kong, les ressortissants français semblent de plus en plus nombreux à sauter le pas. En novembre 2011, le consul général Arnaud BARTHELEMY a officiellement célébré le 10 000e Français inscrit au consulat (l’enregistrement consulaire n’étant pas obligatoire, les communautés françaises pèsent donc plus quel les chiffres officiels). Ce chiffre représente une augmentation de 60% des Français résidant à Hong Kong depuis 2008. Le territoire compte désormais la plus grande communauté française d’Asie, soit environ 15 000 personnes, et le consulat enregistre 100 à 150 inscriptions par mois. La communauté française est, parmi les communautés européennes, la seconde en importance derrière la britannique […].

Pendant que la France se débat avec une croissance proche de zéro, le territoire est considéré comme un endroit dynamique et une porte sur la Chine. Selon Oriane CHENAIN (directrice générale adjointe de la chambre de commerce et d’industrie française), lorsque les sociétés françaises se tournent vers une activité dédiée à l’exportation, elles décident de s’installer à Hong Kong, puis pénétrer le marché du continent […] La communauté française de Hong Kong compte des compétences très diverses. Elle recouvre une vaste palette, il y a des gens de l’industrie du luxe, de la finance, de l’environnement, du vin ou du sourcing*, explique Oriane CHENAIN. Créée en 1985, la Chambre de commerce et d’industrie française compte 755 membres et c’est la plus grande chambre européenne de Hong Kong.

Selon le consulat, les jeunes diplômés français sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance sur le territoire et la moyenne d’âge des expatriés français est de 30 ans […] A son arrivée, Viviane TRAN, 26 ans a pris contact avec la communauté française en assistant à plusieurs « cafés accueil », des rencontres organisées par l’association Hong Kong accueil. Elle a été surprise par le nombre de Français présent à Hong Kong […].

La suppression des droits de douane sur le vin et la bière en 2008, qui a contribué à faire de Hong Kong un centre international du vin, a donné un fort élan aux entreprises françaises du secteur, déclare Oriane CHENAIN. « Les hôtels et les restaurants haut de gamme aiment engager des sommeliers français qui ont étudié l’œnologie en France » ajoute Christophe BONNO sommelier professionnel arrivé à Hong Kong en 1992 […]

S’il y a une chose que toute la communauté française de l’étranger tient à promouvoir, c’est sa culture, et les événements français sont devenus courants sur la scène locale. Depuis 1993, le French May attire un public local et international ; c’est désormais l’un des festivals artistique les plus importants en Asie. Le French Cinepanorama a été créé par l’Alliance Française il y a quarante ans, et c’est le plus vieux festival de cinéma de Hong Kong. Et, mi-novembre 2011, plusieurs restaurants de la ville ont fêté la sortie du beaujolais nouveau sur le coup de minuit.

 

*Sourcing : expression anglo-saxonne utilisée pour désigner l’action de rechercher et de localiser un fournisseur.

 

Hélène FRANCHINEAU, « A Hong Kong, une révolution française », Courrier International, n°1126, 31 mai au 6 juin 2012

Discours de Simone VEIL sur l’avortement (26 novembre 1974)

« Monsieur le président, mesdames, messieurs,

Si j’interviens aujourd’hui à cette tribune, ministre de la Santé, femme et non parlementaire, pour proposer aux élus de la nation une profonde modification de la législation sur l’avortement, croyez bien que c’est avec un profond sentiment d’humilité devant la difficulté du problème, comme devant l’ampleur des résonances qu’il suscite au plus intime de chacun des Français et des Françaises, et en pleine conscience de la gravité des responsabilités que nous allons assumer ensemble. […]
Pourtant, d’aucuns s’interrogent encore : une nouvelle loi est-elle vraiment nécessaire ? Pour quelques-uns, les choses sont simples : il existe une loi répressive, il n’y a qu’à l’appliquer. D’autres se demandent pourquoi le Parlement devrait trancher maintenant ces problèmes : nul n’ignore que depuis l’origine, et particulièrement depuis le début du siècle, la loi a toujours été rigoureuse, mais qu’elle n’a été que peu appliquée. […]

Pourquoi ne pas faire respecter la loi ?

Parce que si des médecins, si des personnels sociaux, si même un certain nombre de citoyens participent à ces actions illégales, c’est bien qu’ils s’y sentent contraints ; en opposition parfois avec leurs convictions personnelles, ils se trouvent confrontés à des situations de fait qu’ils ne peuvent méconnaître. Parce qu’en face d’une femme décidée à interrompre sa grossesse, ils savent qu’en refusant leur conseil et leur soutien ils la rejettent dans la solitude et l’angoisse d’un acte perpétré dans les pires conditions, qui risque de la laisser mutilée à jamais. Ils savent que la même femme, si elle a de l’argent, si elle sait s’informer, se rendra dans un pays voisin ou même en France dans certaines cliniques et pourra, sans encourir aucun risque ni aucune pénalité, mettre fin à sa grossesse. Et ces femmes, ce ne sont pas nécessairement les plus immorales ou les plus inconscientes. Elles sont 300.000 chaque année. Ce sont celles que nous côtoyons chaque jour et dont nous ignorons la plupart du temps la détresse et les drames.

C’est à ce désordre qu’il faut mettre fin. C’est cette injustice qu’il convient de faire cesser. »

 

Discours de Simone VEIL, ministre de la Santé, à l’Assemblée nationale le 26 novembre 1974 (discours en intégralité)

 

La proclamation du FLN du 1er novembre 1954

« Nous considérons avant tout qu’après des décades de lutte, le mouvement national a atteint sa phase de réalisation. En effet, le but d’un mouvement révolutionnaire étant de créer toutes les conditions d’une action libératrice, nous estimons que, sous ses aspects internes, le peuple est uni derrière le mot d’ordre d’indépendance et d’action et, sous les aspects extérieurs, le climat de détente est favorable pour le règlement des problèmes mineurs, dont le nôtre, avec surtout l’appui diplomatique de nos frères arabo-musulmans. […]

Pour préciser, nous retraçons ci-après, les grandes lignes de notre programme politique :

But : L’indépendance nationale par :
1) La restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.
2) Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de race et de confession.
Objectifs intérieurs :
1) Assainissement politique par la remise du mouvement national révolutionnaire dans sa véritable voie et par l’anéantissement de tous les vestiges de corruption et de réformisme, cause de notre régression actuelle.
2) Rassemblement et organisation de toutes les énergies saines du peuple algérien pour la liquidation du système colonial.

 

Objectifs extérieurs :
– Internationalisation du problème algérien.
– Réalisation de l’Unité nord-africaine dans le cadre naturel arabo-musulman.
– Dans le cadre de la charte des Nations Unies, affirmation de notre sympathie à l’égard de toutes nations qui appuieraient notre action libératrice.

 

Moyens de lutte :
Conformément aux principes révolutionnaires et compte tenu des situations intérieure et extérieure, la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre but. […]

 

En contrepartie :
1) Les intérêts français, culturels et économiques, honnêtement acquis, seront respectés ainsi que les personnes et les familles.
2) Tous les Français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité et seront de ce fait considérés comme étrangers vis-à-vis des lois en vigueur ou (ils) opteront pour la nationalité algérienne et, dans ce cas, seront considérés comme tels en droits et en devoirs.
3) Les liens entre la France et l’Algérie seront définis et feront l’objet d’un accord entre les deux puissances sur la base de l’égalité et du respect de chacun.
Algérien ! nous t’invitons à méditer notre charte ci-dessus. Ton devoir est de t’y associer pour sauver notre pays et lui rendre sa liberté ; le Front de libération nationale est ton front, sa victoire est la tienne.
Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, sûrs de tes sentiments anti-impérialistes, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie. »

 

Extraits de la proclamation du Front de libération nationale (FLN), 1er novembre 1954

La cause féministe aux élections législatives de 1978

Gisèle HALIMI est avocate et féministe. Elle est fondatrice de l’association « Choisir la cause des femmes » avec Simone DE BEAUVOIR en 1971.

 

« En 1978, j’entraînai « Choisir » dans les élections législatives purement féministes. En dehors de tous les partis que nous jugions nuls ou insuffisants pour les droits des femmes, nous présentâmes « 100 femmes pour les femmes ». Délicieux souvenirs de meetings aux salles combles, de discours émouvants de nos candidates novices (beaucoup s’exprimaient pour la première fois en public), du succès particulier auprès des médias étrangers.

Notre programme commun des femmes, publié comme soutien à notre campagne, fourmillait de propositions féministes concrètes. Je me souviens, surtout, de cette solidarité si forte et si gaie qui nous souda toutes dans cette campagne peu commune. Nous créâmes des élections d’un « genre » – dans tous les sens du mot – nouveau, singulier.

Combattues par la droite (l’avortement, la libération des femmes) et par la gauche (nous la mettions, disaient nos chefs, en danger), nous fûmes isolées.

Notre aventure se solda par un échec électoral, mais nous enrichit prodigieusement. Nous avions osé, nous avions dit aux femmes d’oser. Rejetée, l’indifférence des partis. Sanctionnée, l’ignorance de la cause des femmes. Les féministes avaient levé l’étendard et parlé. Les professionnels de la politique enregistraient, dans tous les cas, une défaite. Nous avions refusé la résignation et le silence. »

 

Gisèle HALIMI, Ne vous résignez jamais, Plon, 2009.

Le Manifeste des Dix pour la parité (1996)

« Pourquoi des femmes venues d’horizons divers, aux engagements parfois opposés, ont-elles décidé d’unir leurs voix ?
Ayant en commun d’avoir eu ou d’exercer actuellement des responsabilités publiques, nous voulons, alors que se profile le prochain millénaire dans un monde incertain et une France inquiète, lancer cet appel pour l’égalité des chances et des droits entre hommes et femmes […]. Si les femmes sont en effet citoyennes à l’égal des hommes par leur nombre dans l’électorat et le niveau de leur participation aux scrutins, cette parité ne se retrouve pas, loin s’en faut, dans la proportion d’élus. Cinquante ans après l’instauration du droit de vote des femmes en France, seulement 5% d’entre elles sont sénateurs ou maires, 6% députés ou conseillers généraux. Le scrutin proportionnel améliore sensiblement la représentation féminine, avec 12% des conseillers régionaux et 30% des parlementaires européens. Parmi 20 grands pays développés d’Europe et d’Amérique du Nord, le nôtre est bon dernier pour la représentation des femmes au Parlement, loin derrière les Etats scandinaves, l’Allemagne, l’Espagne. Si bien que, dans l’Union européenne, la France est la lanterne rouge pour la proportion de femmes élues.
Ce n’est pas tout. Seuls 6% des postes « laissés à la discrétion du gouvernement » sont occupés par des femmes: 2,6% des préfets, 2% des ambassadeurs, 5,5% des directeurs d’administration centrale. Sans parler des directions d’entreprises ou d’établissements publics […].
Après les grandes avancées juridiques des années 70 et 80, il est évident que le mouvement vers l’égalité marque le pas, quand il n’y a pas régression. Et la crise aidant, les femmes sont apparemment plus silencieuses sur leurs revendications « spécifiques ». Pourtant, elles ne sont pas dupes. Elles savent ou pressentent qu’elles sont les premières touchées par les licenciements et le chômage, total ou partiel, et que les écarts de salaires persistent, sans parler de l’accès aux postes de décision […].
Voici les mesures que nous proposons:
1 – Une politique volontariste des partis, du gouvernement et des associations féminines conjugués. Les pays nordiques montrent l’efficacité de cette attitude. Quand il le faut, ils n’hésitent pas à utiliser les quotas […]. L’adoption d’un scrutin proportionnel, même partiel pour les législatives, renforcerait cette obligation de quotas […].
2 – Une limitation drastique du cumul des mandats et des fonctions, pour un meilleur partage et exercice du pouvoir. […].
3 – Un financement des partis politiques en fonction du respect de la parité de leurs instances dirigeantes et de leurs élus.
4 – Une nomination volontaire à des postes de responsabilité qui dépendent de l’État et du gouvernement, en se fondant sur un principe de parité.
5 – Une adoption d’une législation sur le sexisme comparable à celle sur le racisme, permettant aux associations de droits de l’homme et de la femme ainsi qu’aux individus d’ester [c’est à dire exercer une action] en justice civilement ou pénalement.
6 – Et s’il faut modifier la Constitution pour introduire des discriminations positives, nous y sommes favorables, comme l’est, nous en sommes persuadées, la majorité de nos concitoyens.
7 – Alors, sur ce sujet, pourquoi pas un référendum ? »

 

Tribune de Michèle BARZACH [ancienne ministre de la Santé et de la Famille], Frédérique BREDIN [ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports], Edith CRESSON [ancienne Première ministre], Hélène GISSEROT [procureure générale], Catherine LALUMIERE [ancienne secrétaire d’Etat], Véronique NEIERTZ [députée de la Seine-Saint-Denis], Monique PELLETIER [ancienne ministre déléguée à la Condition féminine], Yvette ROUDY [ancienne ministre des Droits de la femme], Catherine TASCA [ancienne ministre déléguée à la Communication], Simone VEIL [ancienne ministre de la Santé], publiée dans l’hebdomadaire L’Express du 6 juin 1996

Aurélien, un expatrié français à Sydney (Le Monde, 2012)

A 32 ans, Aurélien LABONNE a fui le chômage et la grisaille parisienne pour la « belle vie » à Sydney. Visa en poche, il a décroché un job bien payé dans une start-up. […]

 

« Avec plus de vingt années consécutives de croissance et un taux de chômage d’environ 5% […], l’Australie est à part. Au point que les immigrants s’y pressent pour goûter les fruits du boom économique : des Asiatiques venus de Corée du Sud ou de Chine, mais aussi beaucoup d’Européens, dont énormément d’Irlandais et de Britanniques. Quant aux Français, ils sont eux aussi de plus en plus nombreux à tenter leur chance . Au printemps, lors des élections présidentielles et législatives, il y avait ainsi huit bureaux de vote à travers le pays pour les Français expatriés, contre deux, dix ans auparavant. Après avoir décroché un master d’administration des entreprises en 2006 à Paris, (Aurélien LABONNE) s’engage dans un master en multimédia, au terme duquel il effectue un stage en entreprise. « Je savais qu’il n’y aurait pas d’offre d’emploi à la sortie de mon stage,c’est pourquoi j’ai décidé d’aller à l’étranger ». […]
Il n’a fallu qu’un mois et demi à Aurélien LABONNE pour se faire embaucher comme responsable du site Web d’une petite entreprise avec, à la clé, un visa sponsorisé, sésame pour pouvoir rester en Australie plus d’un an […]. Le jeune parisien a ensuite décidé de changer d’entreprise. Il travaille désormais dans une start-up, et ne regrette pas son choix : « je suis dans une jeune société, qui a démarré il y a tout juste huit mois. En France, je n’aurais pas osé, je me serais demandé si l’entreprise avait les reins solides » […]. Quant à son salaire, il a doublé entre Paris et Sydney. « Je gagnais 39 000 euros par an dans la banque où j’ai travaillé, alors qu’actuellement c’est 82 000 dollars [67 000 euros], ce qui reste un niveau de salaire moyen ».[…]
Avec son amie, une expatriée française qu’il a rencontrée à Sydney, Aurélien LABONNE a commencé à visiter des maisons à vendre pour investir dans l’immobilier. Le reste du temps, il profite de la vie à l’australienne, du soleil, de la plage, et d’un quotidien qu’il estime plus doux qu’en France. « Ici, c’est la belle vie. Le cadre est exceptionnel. Les gens sont gentils et beaucoup moins agressifs qu’à Paris, quant aux opportunités de travail, elles sont beaucoup plus nombreuses ». »

 

Marie-Morgane LE MOËL, « Les expatriés de la crise de l’euro », Le Monde, 26 juillet 2012
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