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Les communistes réagissent au transfert des cendres de Jean MOULIN (1964)

« Jean MOULIN au Panthéon, cela veut dire que la France honore celui qui comprit que, dans sa lutte contre le pouvoir nazi, la libération de notre peuple dépendait de son union, comme dans sa lutte contre le pouvoir de l’argent, sa libération dépend de son union aujourd’hui.

Jean MOULIN au Panthéon, cela veut dire que la France s’incline devant le premier président de ce CNR dont le programme comportait la nationalisation des banques et des trusts. Jean MOULIN au Panthéon, cela signifie que la patrie est reconnaissante aux grands hommes qui tiennent parole.

Un seul point me chiffonne : il est beaucoup question dans la presse officielle et officieuse de Jean MOULIN « après » sa rencontre avec le général DE GAULLE à Londres et son retour en France. Peu, trop peu, du Jean MOULIN dont l’activité en France amena ce voyage à Londres où l’accord de la Résistance de Jean MOULIN à Fernand GRENIER fit du général DE GAULLE le président du Gouvernement provisoire de la République. Beaucoup plus question en somme du Jean MOULIN mandaté que du Jean MOULIN mandatant.

Mais il importe bien peu : honneurs à Jean MOULIN, honneur à ceux qui suivant son exemple moururent pour la patrie, honneur à la Résistance française ! »

 

André WURMSER, « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante », L’Humanité, 19 décembre 1964

 

François MAURIAC juge l’épuration (1944)

Romancier français engagé dès 1941 dans la Résistance, François MAURIAC plaide auprès du général DE GAULLE la grâce d’un autre écrivain, Robert BRASILLACH (rédacteur en chef du journal collaborationniste et antisémite Je suis partout), condamné à mort et finalement fusillé le 6 février 1945.

 

« Il ne s’agit pas ici de plaider pour les coupables, mais de rappeler que ces hommes, ces femmes, sont des accusés, des prévenus, qu’aucun tribunal ne les a encore convaincus du délit ou du crime dont on les charge.

Oh, je sais bien : la Gestapo, la police de Vichy n’avaient pas de ces délicatesses. Mais justement ! Nous aspirons à mieux qu’un chassé-croisé de bourreaux et de victimes. Il ne faut à aucun prix que la IVe République chausse les bottes de la Gestapo […].

Je n’écris point ceci pour invoquer des prétextes, ni pour frustrer ceux des nôtres qui ont faim et qui ont soif de justice, du rassasiement auquel ils ont droit. Comment reculerait-il devant les exigences d’une justice stricte, celui qui a vu les enfants juifs pressés comme de pauvres agneaux dans des wagons de marchandises ? L’effrayant regard me poursuit encore, d’une femme dont le mari venait d’être abattu parmi d’autres otages ; et il y a cette lettre que je n’ose pas relire, où ma fille Claire raconte comment elle ferma les yeux de garçons fusillés et comment elle les ensevelit. Mais c’est cette rigueur nécessaire qui doit nous rendre encore plus scrupuleux. Il faut être assuré de frapper juste lorsque l’on est résolu à frapper fort. »

 

François MAURIAC, « La vraie justice », Le Figaro, 8 septembre 1944

Les expatriés français de plus en plus nombreux (Le Monde, 2015)

« En 2014, 1,68 million de Français vivaient officiellement hors des frontières nationales, soit 2,3 % de plus qu’en 2013. […] « Cette hausse est conforme aux précédentes. Entre 2012 et 2013, nous avons connu une augmentation de 2 % du nombre de Français installés à l’étranger et inscrits dans les consulats. Si l’on remonte plus loin, nous avons déjà connu des années à 3 % », rappelle Christophe BOUCHARD, directeur au Quai d’Orsay des Français de l’étranger. Pour avoir été en poste sur tous les continents, M. BOUCHARD connaît les expatriés autrement que par les statistiques. Depuis les différentes ambassades où il a travaillé, il a pu observer un glissement entre le classique expatrié et un nouveau profil plus aventurier, venu développer un projet dans des zones au dynamisme économique fort. Ainsi, les Emirats Arabes Unis illustrent ces pays qui connaissent une jonction de deux populations différentes. La communauté des 19 324 Français qui y est installée se partage entre « une partie importante d’expatriés au sens classique du terme, c’est-à-dire de personnes travaillant pour une entreprise française, envoyées là-bas quelque temps ; et un nombre important de Français venus tenter leur chance par eux-mêmes ». Dans cette zone qui a connu entre 2013 et 2014 une hausse de 11 % du nombre de Français [inscrits dans les consulats], « on croise beaucoup de cadres travaillant dans les services, le tourisme ou dans le bâtiment. Parfois aussi des artisans font le déménagement depuis la France », rappelle M. BOUCHARD. […] En dépit du faible taux d’augmentation globale des départs de France, trois groupes de pays connaissent une hausse des installations, de l’ordre de 5 % ou plus : l’Afrique du Nord, l’Amérique du Nord et l’Asie-Océanie. L’Australie est un des pays phare de ce dernier groupe avec une hausse de 9 % des [inscriptions] de Français en 2014. Avec 22 539 ressortissants enregistrés, l’île-continent se place 18e pays d’accueil. Si l’on veut approcher le nombre réel de Français installés en Australie, il faut multiplier par trois les personnes inscrites, car là comme ailleurs, l’inscription au consulat est facultative. […]

En Chine, l’inscription est assez courante. Et contre toute attente, ce pays ne figure pas dans la liste des pays qui attirent le plus aujourd’hui. Entre 2013 et 2014, son solde migratoire de population française est même nul. Une rupture alors que le pays plaisait beaucoup depuis dix ou quinze ans. « Des arrivées importantes de Français ont accompagné les implantations d’entreprises françaises ; mais il semblerait qu’aujourd’hui ces entreprises fassent plus appel à des locaux. S’ajoutent deux autres facteurs : d’une part une modification de la loi sur les stagiaires et les VIE [volontariat international en entreprise], et d’autre part, la récurrence du problème de pollution », rappelle le diplomate. Selon les enquêtes menées par les autorités françaises auprès des ressortissants vivant à Pékin, la pollution qui touche régulièrement la ville limite l’envie de s’installer là-bas. La moitié des expatriés restent malgré tout installés en Europe. […] »

 

Maryline BAUMARD, « A l’étranger, des expatriés Français plus nombreux et plus aventureux », Le Monde, 12 février 2015

La France, nouvelle terre d’émigration ? (Challenges, 2015)

« La France, nouvelle terre d’émigration ? L’Hexagone n’en est pas encore là mais les dernières données de l’INSEE confirment une véritable lame de fond. Les Français et les immigrés qui quittent le territoire n’ont jamais été aussi nombreux. Leur nombre est passé de 189 000 à 299 000 entre 2006 et 2013. Dans le détail, 204 000 Français ont choisi de s’expatrier en 2013, contre seulement 160 000 en 2006. Soit une progression de 27,5%. […]
Si le débat politique se concentre aujourd’hui sur la question de l’immigration, le boom des expatriations est rarement mis sur le devant de la scène. Chômage de masse, pression fiscale, opportunités liées à la mondialisation, étudiants en quête d’expérience internationale, retraités qui retournent dans leur pays d’origine ou qui souhaitent découvrir de nouveaux horizons… Les motivations des candidats à l’exil sont très variables. […]
Dans près de 80% des cas, ces départs à l’étranger interviennent pour des Français âgés de 18 à 29 ans. Cette structure n’a que peu évolué depuis 2006. En revanche, ce qui est nouveau, c’est la part de ces derniers qui s’installent durablement à l’étranger. D’après les estimations de l’Institut national de la statistique, sur les 3,3 millions de Français vivant à l’étranger, 26% d’entre eux ont entre 30 et 40 ans. C’est davantage que ceux ayant moins de 30 ans (25%). Les 55 ans et plus représentent quant à eux un peu moins d’un quart des Français de l’étranger. »

 

Jean-Louis DELL’ORO, « Depuis la crise, le nombre d’expatriés a explosé en France », Challenges, 14 octobre 2015

La Chine envoie un premier cargo vers l’Europe via l’Arctique (2013)

« Pour la première fois, un navire marchand chinois est en route vers l’Europe par un raccourci polaire, grâce à la fonte des glaces dans l’Arctique. Ce navire, appartenant au géant chinois du fret maritime Cosco, a quitté jeudi 8 août son port de Dalian, dans le nord-est du pays, et devrait atteindre l’Europe en trente-trois jours en empruntant le passage du Nord-Est, qui longe les côtes septentrionales de la Sibérie. […] Ce cargo doit franchir le détroit de Béring le 25 août, avant de commencer sa traversée de l’océan Arctique, cette route maritime du Nord-Est n’étant praticable que l’été […].
La Chine, premier exportateur mondial, porte un grand intérêt à cette nouvelle route maritime, qui lui permet d’éviter les délais du canal de Suez et de réduire de plusieurs milliers de kilomètres ses trajets vers l’Europe, son premier partenaire commercial.
Environ 90 % des échanges commerciaux de la Chine passent par la mer. Pékin espère que le raccourci polaire sera également bénéfique au développement de ses ports du nord-est du pays.
La route maritime du Nord-Est, sur laquelle la Russie facilite la navigation en imposant la location de ses brise-glaces, devrait jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux. […]
Conséquence du réchauffement climatique qui accélère la débâcle de la banquise, un passage du Nord-Ouest s’est également ouvert de l’autre côté du pôle Nord, côté canadien. Plus tortueux, il est très mal équipé en infrastructures.
Le trafic dans ces eaux arctiques reste toutefois encore embryonnaire au regard des routes traditionnelles via le canal de Panama (15 000 transits par an) ou de Suez (19 000). Mais le volume de marchandises transportées par la route du Nord-Est devrait se multiplier dans les années à venir : de 1,26 million de tonnes l’an dernier, le trafic passera à 50 millions de tonnes en 2020, selon la Fédération des armateurs norvégiens. »

 

« Pour la première fois, un cargo chinois en route vers l’Europe traverse l’Arctique », article publié sur le site du Monde à partir d’un dépêche AFP, 10 août 2013

Londres, un monde à part ?

« En 1987, 31 personnes ont trouvé la mort dans l’incendie de King’s Cross, une station de métro délabrée. Des escalators en bois, dont la course grinçante se déroulait sur un tapis de graisse inflammable et de détritus, avaient permis au feu de se propager à une vitesse terrible. Aujourd’hui, faire comprendre à un jeune Londonien que ce quartier de la ville était à l’époque mondialement connu pour son côté insalubre relève presque de l’impossible. La gare de Saint Pancras est rutilante, son terminal international grouille de passagers de l’Eurostar à destination de Paris. Google, The Guardian et Central Saint Martins College ont remplacé les taudis. King’s Cross est désormais un symbole de la transformation de Londres, devenu la ville mondiale, et pas seulement une ville mondiale.
Mais c’est aussi un symbole du fait que Londres s’est coupé du reste de la Grande-Bretagne. A King’s Cross ou Saint Pancras, on peut prendre un train pour des coins déshérités du nord de l’Angleterre ou des Midlands qui n’ont pas réussi à se relever de la désindustrialisation – et ce n’est pas faute d’avoir essayé. En revanche, Londres a le don exaspérant de faire de ses quartiers, même les plus misérables, des lieux où l’on a envie de vivre et de travailler. Entre 2010 et 2013, il y avait plus de grues à l’œuvre dans la capitale que dans tout le reste de la Grande-Bretagne.
Il n’y a pas que l’architecture qui évoque un royaume désuni, les données économiques aussi. En 2012, la valeur ajoutée brute par habitants atteignait à Londres 175 % de la moyenne britannique. Même la crise financière, la pire depuis la Seconde Guerre mondiale, n’a pas stoppé la croissance de Londres. Elle était de 12,5 % entre 2007 et 2011, soit plus de deux fois la croissance moyenne du Royaume-Uni. […]
Sur le plan culturel aussi, cela fait longtemps que Londres s’est détaché du pays qui l’accueille. Ce n’est pas seulement, et de loin, la ville la plus métissée de Grande-Bretagne : c’est peut-être aussi la plus métissée du monde, voire la plus métissée de toute l’histoire. Plus d’un tiers de sa population est née à l’étranger contre 13 % en moyenne au Royaume-Uni. Dans la capitale, où l’on parle plus de 300 langues, les Britanniques blancs représentent une minorité. […]
Londres s’éloigne de la Grande-Bretagne, et certaines parties de la ville s’éloignent les unes des autres. L’espérance de vie est de 79 ans à King’s Cross, elle grimpe à 91 ans à Knightsbridge, et n’est que de 75 ans à Lewisham, dans le sud est de la ville. 97 % des habitants de Camden ont accès à Internet. Ils ne sont que 82 % à Barking et Dagenham, un arrondissement de l’est du Grand Londres. La capitale compte certains des quartiers les plus pauvres du Royaume-Uni, comme Hackney et Tower Hamlets. Vingt ans de croissance spectaculaire ont rendu la ville plus riche, mais pas plus égalitaire. Et même au sein de ces quartiers il existe des inégalités criantes. […]
Et la croissance a apporté les infrastructures. Le réseau de transports de Londres compte parmi les plus vastes au monde, et ne cesse d’explorer de nouvelles possibilités, par exemple Crossrail, la ligne de métro à grande vitesse, le plus grand projet de construction en Europe. Londres est une ville d’ultrarichesse et d’extrême pauvreté, mais on y trouve aussi des musées gratuits et des parcs publics uniques au monde.
Et pourtant on ne peut ignorer la double hostilité qu’elle suscite – de la part d’un pays dépassé et des romantiques intra-muros. Son statut de centre de la mondialisation ne saurait être menacé, mais une accumulation de mauvaises décisions stratégiques (ou de non-décisions) pourrait néanmoins l’éroder au fil du temps. Un travailleur étranger refoulé à Londres risque d’aller vendre ses talents à New York ou à Singapour. Si l’aéroport de Heathrow n’est pas autorisé à s’étendre, ceux d’Amsterdam et de Francfort sont bien placés pour devenir le centre du transport aérien en Europe. »

 

Janan GANESH (Financial Times) « Londres ou la mondialisation incarnée », Courrier International, 6 mai 2015

Londres, un pôle touristique dynamique (2014)

« En 2013, encore plus de visiteurs se sont bousculés dans les allées du British Museum, première attraction de Londres, de la Tate Modern ou de la National Gallery. Ils se sont envolés dans les cabines de la grande roue London Eye ou dans les sombres couloirs de la Tour de Londres. Une affluence record permet aux dirigeants de la ville d’espérer pouvoir annoncer, ce jeudi, qu’en franchissant la barre des 16 millions de touristes étrangers, la capitale britannique aurait détrôné Bangkok et Paris en tête des villes les plus visitées sur la planète. Si les critères peuvent diverger, Paris avait accueilli 15,9 millions d’étrangers en 2012. New York se classe en quatrième position.

La mairie de Londres lie directement ce regain d’intérêt à un « effet Jeux olympiques ». Un cercle vertueux, qui parvient à éviter la tendance des villes olympiques à constater une désaffection l’année suivante. Au contraire, Londres affichait une hausse de fréquentation de 8 % au premier semestre. Dans l’ensemble du pays, les arrivées d’étrangers ont bondi de 11 % sur les neuf premiers mois de l’année, à près de 25 millions de personnes.

« L’image de Londres a changé grâce aux JO, estime Kit MALTHOUSE, maire adjoint de la ville. Les gens ont vu une ville belle, ouverte, vibrante, au-delà des clichés habituels sur la reine et le gin Beefeater. » Les touristes londoniens proviennent en grande majorité d’Europe, devant l’Amérique du Nord et le reste du monde. Ceux venant de Chine, d’Inde ou du Moyen-Orient représentent une large part de la croissance constatée. Mais la politique de visas restrictive du gouvernement CAMERON freine le développement de cette clientèle, au détriment de Paris. C’est pourquoi, sur pression des milieux d’affaires et du lobby touristique, le ministère de l’Intérieur a accepté d’assouplir sa pratique pour les Chinois.

Ces visiteurs dépensent beaucoup : 5 milliards de livres (6 milliards d’euros) sur les six premiers mois de 2013, en hausse de 12 %. Le West End, quartier du shopping, des restaurants et des théâtres, pèse économiquement plus que la City, et davantage que tout le secteur agricole britannique.

Chez London & Partners, l’agence de promotion de la capitale, on se félicite d’un « feel good factor » post-olympique et post-jubilé royal, prolongé par l’engouement autour de la naissance du prince GEORGE, la victoire d’Andy MURRAY à Wimbledon et des expositions événements comme « Pompéi » au British Museum ou « David Bowie » au Victoria & Albert. Facteur exceptionnel contribuant à l’attrait de la capitale britannique : les touristes ont en plus pu profiter d’un été magnifique. »

 

Florentin COLLOMP, « Tourisme : Londres détrône Paris », Le Figaro, 16 janvier 2014

Le porte-conteneurs Andromeda, un mastodonte au centre du dispositif en hub de la CMA CGM (2009)

« L’Andromeda est un navire symbolique. C’est le plus grand du groupe maritime français, le nouvel emblème de l’offre de la compagnie sur les lignes Asie-Europe, mais aussi le premier à intégrer certaines avancées techniques en matière de respect de l’environnement. Affecté sur le service FAL 1 entre l’Asie et l’Europe, ce mastodonte mesure 363 mètres de long, 45,6 mètres de large et affiche un port en lourd de 128 760 tonnes. […]

Ainsi, arrivent désormais d’Asie le gros des appareils d’électroménager, d’électronique, ainsi que les produits textiles ou encore l’ameublement. Lorsqu’ils viennent de l’Est, les porte-conteneurs sont pleins mais, lorsqu’ils en repartent, la moitié des boites sont vides, l’Europe exportant de moins en moins vers les pays asiatiques. Ainsi, au départ du vieux continent, on trouve surtout des biens à faible valeur ajoutée, comme de la ferraille ou de la poudre de lait. Mais il y a aussi des équipements lourds. Sous les panneaux de cale, positionnés sur des flat tracks (planchers), ont été par exemple transportées les rames de métros de Shanghai et Singapour. […]

Le CMA CGM Andromeda est exploité sur le service French Asia Line 1. En tout, cette ligne hebdomadaire aligne 10 navires de 8500 à 11 400 EVP*. Elle dessert en tout 18 ports entre l’Europe du Nord et l’Asie, notamment les trois principales zones d’exportation chinoises : Xingang et Dalian au Nord, Shanghai au Centre et Yantian au Sud. […] Le CMA CGM Andromeda est le premier d’une nouvelle série de 12 navires de 11 400 EVP qui porteront tous des noms de constellations. Musca, Libra, Centaurus, Gemini, Aquila… Ces bateaux, qui seront livrés à la compagnie en 2009 et 2010, sont réalisés par Hyundai à Ulsan, en Corée du Sud. Ce chantier est l’un des plus importants du monde. Pas moins de 30 000 personnes y travaillent pour produire une cinquantaine de navires par an. Ulsan est aussi un site totalement intégré, qui ne se contente pas d’assembler des coques. Hyundai y réalise tous les éléments du navire, de la découpe de tôles à la fonte des hélices, en passant par la réalisation sous licence des moteurs de propulsion. En un peu plus d’un an, en plus de ses autres clients, l’industriel sud-coréen achèvera donc 12 mastodontes pour CMA CGM. Ces navires viendront s’ajouter à 4 autres unités, légèrement différentes mais de capacité comparable (11 000 EVP), commandées à son compatriote Daewoo. […]

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’un navire comme le CMA CGM Andromeda n’est qu’un maillon d’une importante chaîne logistique. Dans chaque port, des boites sont embarquées et déchargées. Nombre d’entre elles repartiront sur un autre bateau, pour une destination non couverte par la ligne. Ainsi, au Havre, certains conteneurs seront rembarqués sur les navires du type PCRP**, qui desservent les Antilles. D’autres iront, à quelques centaines de mètres de là, sur le porte-conteneurs de Delmas, qui partira bientôt pour l’Afrique. C’est le concept des hubs, avec des lignes principales pour les grandes routes et des services secondaires pour les marchés moins importants, auxquels s’ajoutent les lignes feeder, avec de petits porte-conteneurs effectuant du cabotage entre les ports. »

*EVP : équivalent vingt pieds ; il s’agit de l’unité de mesure traditionnelle des conteneurs.

**PCRP : porte-conteurs réfrigéré polyvalent.

Vincent GROIZELEAU, « Le porte-conteneurs CMA CGM Andromeda et les lignes Asie – Europe », meretmarine.com, 30 avril 2009

Shanghai, la nouvelle ville-monde (Le Point, 2011)

« New York peut trembler. Dès 2020, si l’on en croit les autorités locales, Shanghai sera le plus grand port du monde, la première place financière, le cœur d’un réseau de transports ultramodernes où les trains magnétiques croiseront des autoroutes suspendues, sur lesquelles rouleront des voitures électriques… Le principal centre de recherche et développement de la planète, la capitale des industries de pointe… A Shanghai, tout est superlatif, on en perd le souffle !

La roue tourne. Pour les Shanghaïens, aucun doute n’est permis. La Chine au sud du fleuve Bleu, dont Shanghai est aujourd’hui le cœur battant, n’était-elle pas symbolisée dans la tradition millénaire par un Phénix, cet oiseau mythique capable de renaître à l’infini ? Dans les années 30, Shanghai était déjà « l’Etoile de l’Asie ». Elle attirait dans ses concessions tout ce que le monde comptait alors d’aventuriers, de marchands, de réfugiés aussi, qui quittaient une Europe dévastée par la Première Guerre mondiale. Ouverte, internationale […] Shanghai faisait vibrer tous les imaginaires.

Puis vinrent l’occupation japonaise, la guerre civile entre nationalistes et communistes, le nouveau régime en 1949, les purges, le départ des étrangers, les excès de la Révolution culturelle…  Au début des années 80, Shanghai n’était plus qu’un vieux port endormi. Mais, en 1992, le père des réformes, DENG Xiaoping, a décidé d’en faire la vitrine de l’ouverture et de la modernisation chinoise.

Vingt ans ont passé… Il suffit de marcher sur le Bund, la célèbre promenade qui borde le fleuve, pour comprendre que le rêve est devenu réalité. Les rives marécageuses de Pudong, de l’autre côté du Huangpu, où l’on se rendait à l’époque en ferry, sont à présent reliées par des kilomètres de tunnels et de ponts.

Une ville ahurissante a germé, forêt de gratte-ciel audacieux qui titillent les nuages. Les plus grands architectes internationaux ont été appelés à les signer. De toute part, on accourt vers cette mégapole de 23 millions d’habitants qui ne cesse de gonfler : Chinois du continent, Taïwanais, Japonais, Coréens, mais aussi Américains ou Européens débarquent chaque jour dans cette ville qui ne s’arrête jamais, ni la nuit ni aucun jour de la semaine ou de l’année. On y donne les fêtes les plus extravagantes. Depuis juin, Pékin et Shanghai sont reliées en cinq heures par un TGV. Une trentaine de vols quotidiens les unissent. »

 

Caroline PUEL, « Shanghai, la nouvelle ville-monde », Le Point, 15 décembre 2011

Le boom du nombre d’expatriés à Hong Kong (Courrier international, 2012)

« Quelles que soient les raisons qui les poussent à quitter la France pour prendre un nouveau départ à Hong Kong, les ressortissants français semblent de plus en plus nombreux à sauter le pas. En novembre 2011, le consul général Arnaud BARTHELEMY a officiellement célébré le 10 000e Français inscrit au consulat (l’enregistrement consulaire n’étant pas obligatoire, les communautés françaises pèsent donc plus quel les chiffres officiels). Ce chiffre représente une augmentation de 60% des Français résidant à Hong Kong depuis 2008. Le territoire compte désormais la plus grande communauté française d’Asie, soit environ 15 000 personnes, et le consulat enregistre 100 à 150 inscriptions par mois. La communauté française est, parmi les communautés européennes, la seconde en importance derrière la britannique […].

Pendant que la France se débat avec une croissance proche de zéro, le territoire est considéré comme un endroit dynamique et une porte sur la Chine. Selon Oriane CHENAIN (directrice générale adjointe de la chambre de commerce et d’industrie française), lorsque les sociétés françaises se tournent vers une activité dédiée à l’exportation, elles décident de s’installer à Hong Kong, puis pénétrer le marché du continent […] La communauté française de Hong Kong compte des compétences très diverses. Elle recouvre une vaste palette, il y a des gens de l’industrie du luxe, de la finance, de l’environnement, du vin ou du sourcing*, explique Oriane CHENAIN. Créée en 1985, la Chambre de commerce et d’industrie française compte 755 membres et c’est la plus grande chambre européenne de Hong Kong.

Selon le consulat, les jeunes diplômés français sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance sur le territoire et la moyenne d’âge des expatriés français est de 30 ans […] A son arrivée, Viviane TRAN, 26 ans a pris contact avec la communauté française en assistant à plusieurs « cafés accueil », des rencontres organisées par l’association Hong Kong accueil. Elle a été surprise par le nombre de Français présent à Hong Kong […].

La suppression des droits de douane sur le vin et la bière en 2008, qui a contribué à faire de Hong Kong un centre international du vin, a donné un fort élan aux entreprises françaises du secteur, déclare Oriane CHENAIN. « Les hôtels et les restaurants haut de gamme aiment engager des sommeliers français qui ont étudié l’œnologie en France » ajoute Christophe BONNO sommelier professionnel arrivé à Hong Kong en 1992 […]

S’il y a une chose que toute la communauté française de l’étranger tient à promouvoir, c’est sa culture, et les événements français sont devenus courants sur la scène locale. Depuis 1993, le French May attire un public local et international ; c’est désormais l’un des festivals artistique les plus importants en Asie. Le French Cinepanorama a été créé par l’Alliance Française il y a quarante ans, et c’est le plus vieux festival de cinéma de Hong Kong. Et, mi-novembre 2011, plusieurs restaurants de la ville ont fêté la sortie du beaujolais nouveau sur le coup de minuit.

 

*Sourcing : expression anglo-saxonne utilisée pour désigner l’action de rechercher et de localiser un fournisseur.

 

Hélène FRANCHINEAU, « A Hong Kong, une révolution française », Courrier International, n°1126, 31 mai au 6 juin 2012
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