F. MITTERRAND affirme son attachement au projet européen (1984)
« Lorsque, en mai 1948, trois ans exactement après la fin de la guerre, l’idée européenne a pris forme, c’était au Congrès de La Haye. J’y étais, et j’y croyais. Lorsque, en 1950, Robert SCHUMAN a lancé le projet de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, j’y adhérais et j’y croyais. Lorsque, en 1956, le vaste chantier du Marché commun s’est ouvert, avec la participation très active du gouvernement français de l’époque, j’y étais et j’y croyais. Et aujourd’hui, alors qu’il nous faut sortir l’Europe des Dix de ses querelles et la conduire résolument sur les chemins de l’avenir, je puis le dire encore, j’en suis et j’y crois. […]
On peut dire aujourd’hui que la Communauté a atteint ses premiers objectifs hérités de la guerre. Au départ, il fallait réconcilier, rassembler, atteler à une œuvre commune des peuples déchirés par la force et le sang. C’est fait. Maintenant, l’alternative est : ou bien de laisser à d’autres, sur notre continent, hors de notre continent, le soin de décider du sort de tous, et donc du nôtre, ou bien de réunir la somme des talents et des capacités […] qui ont fait de l’Europe une civilisation pour, selon un mot que j’aime de Walt WHITMAN [poète et humaniste américain du XIXe siècle], « qu’elle devienne enfin ce qu’elle est ». […]