Les grandes sources de tension au Moyen-Orient selon B. OBAMA (2009)

« Dans un passé relativement récent, les tensions ont été nourries par le colonialisme qui a privé beaucoup de musulmans de droits et de chances de réussir, ainsi que par une guerre froide qui s’est trop souvent déroulée par acteurs interposés, dans des pays à majorité musulmane et au mépris de leurs propres aspirations. En outre, les mutations de grande envergure qui sont nées de la modernité et de la mondialisation ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l’Occident un élément hostile aux traditions de l’islam. […]
Permettez-moi de m’exprimer aussi clairement et aussi simplement que possible sur certaines questions précises auxquelles nous devons maintenant faire face ensemble.
La première est celle de l’extrémisme violent sous toutes ses formes. À Ankara, j’ai fait clairement savoir que l’Amérique n’est pas – et ne sera jamais – en guerre contre l’islam. (Applaudissements) […] Voilà maintenant plus de sept ans, forts d’un large appui de la communauté internationale, les Etats-Unis ont donné la chasse à Al Qaïda et aux talibans. Nous avons agi de la sorte non par choix, mais par nécessité. […]
Je voudrais aussi aborder le dossier de l’Irak. Contrairement à la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak est le résultat d’un choix, lequel a provoqué des désaccords marqués dans mon pays et à travers le monde. Tout en étant convaincu que le peuple irakien a gagné au bout du compte à être libéré de la tyrannie de Saddam Hussein, je crois aussi que les événements en Irak ont rappelé à l’Amérique la nécessité de recourir à la diplomatie et de construire un consensus international pour résoudre ses problèmes à chaque fois que c’est possible. […]
La deuxième grande source de tension que nous devons aborder concerne la situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe. […] Depuis des dizaines d’années, une impasse persiste : deux peuples aux aspirations légitimes, chacun marqué par un passé douloureux qui rend un compromis insaisissable. Il est aisé de pointer un doigt accusateur : les Palestiniens peuvent attirer l’attention sur la dislocation consécutive à la fondation d’Israël, et les Israéliens peuvent dénoncer l’hostilité et les attaques dont le pays a de tout temps fait l’objet à l’intérieur même de ses frontières et par-delà. Mais si nous examinons ce conflit à travers le prisme de l’une ou l’autre partie, nos œillères nous cacheront la vérité : la seule solution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux Etats, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité. […]
La troisième source de tension est nos intérêts en commun à l’égard des droits et des responsabilités des Etats concernant les armes nucléaires. Cette question a constitué une source de tension entre les Etats-Unis et la République islamique d’Iran. Pendant de nombreuses années, l’Iran s’est défini en partie par son opposition à mon pays et il existe en effet un passé tumultueux entre nos deux pays. […] Chaque pays, y compris l’Iran, devrait avoir le droit d’avoir accès à l’énergie nucléaire pacifique s’il respecte ses engagements dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire. »

 

Discours du président américain Barack OBAMA au Caire (Egypte) le 4 juin 2009 (discours en intégralité)