Karl LIEBKNECHT proclame la République socialiste libre d’Allemagne (novembre 1918)
« Camarades, voici l’aube de notre liberté. Jamais un Hohenzollern* ne mettra plus le pied ici. Ce sont les esprits de millions de personnes qui ont donné leur vie pour la cause sacrée du prolétariat. Avec les crânes brisés, baignant dans leur sang, ces victimes de la tyrannie ont titubé, suivies par les esprits de millions de femmes et d’enfants morts de chagrin et de misère pour la cause du prolétariat. Après eux sont venus les millions de victimes de cette guerre mondiale. Aujourd’hui, une multitude immense de prolétaires impassibles se tient sur la même place, rendant hommage à cette nouvelle liberté. Camarades, je proclame la République socialiste allemande libre qui réunira tous les Allemands dans laquelle il n’y aura plus de bourgeoisie, ni de chefs, ni de serviteurs ; dans laquelle tout travailleur recevra un salaire juste pour son travail. Le règne du capitalisme qui a transformé le continent européen en un marais de sang est brisé. […] Mais si le vieux monde est abattu, nous ne devons pas croire que notre tâche est achevée. Nous devons concentrer toutes nos forces pour construire le gouvernement des ouvriers et des soldats, et pour instaurer un nouvel ordre étatique du prolétariat, un ordre de paix, de bonheur et de liberté pour tous nos frères allemands et pour nos frères du monde entier. Nous leur tendons la main et les appelons à achever la révolution mondiale. Que ceux d’entre vous qui veulent voir réalisées la République socialiste libre d’Allemagne et la révolution mondiale lèvent la main en guise de serment. (Toutes les mains se lèvent et des cris fusent : vive la République !) […] »
* La famille Hohenzollern est celle à laquelle a appartenu le dernier empereur allemand GUILLAUME II. Cette famille règne sur l’empire allemand depuis sa création en 1871.
Karl LIEBKNECHT, Gesammelte Reden und Schriften (Recueil de textes et discours), Dietz Verlag, 1971.