L’Amérique latine, un espace vulnérable face à la crise de 1929

Une autre particularité […] est le fait que la plupart des pays de l’Amérique latine ne fournissent qu’un, deux ou trois produits au commerce d’exportation : 71 % des exportations du Brésil consistent en café, 77 % de celles de la Bolivie en étain, 77 % de celles de Cuba en sucre, 70 % de celles du Chili en nitrate ; si l’on prend le nitrate et le cuivre combinés, la proportion pour ce dernier pays s’élève à 83 % des exportations […].

La chute des exportations [et des prix], la diminution des revenus publics ont augmenté les difficultés dans lesquelles se trouve le gouvernement pour l’obtention des fonds nécessaires à couvrir ses dépenses et à assurer le service de la dette publique. De nombreux ouvriers engagés pour l’exécution des travaux projetés durent être renvoyés. Il en fut de même pour ceux qui se trouvaient occupés à la production des articles formant la base même du commerce d’exportation ; d’où dépression, chute des salaires et chômage.

Tous les événements malheureux relatés plus haut entraînèrent un mécontentement économique et politique général […]. Les pays de l’Amérique latine passèrent par une période extrêmement difficile. Les revenus tombèrent à un niveau très bas […]. Au cours de ces deux dernières années, des révolutions éclatèrent dans neuf pays de l’Amérique latine. Certains gouvernements y semblent d’ailleurs encore peu stables.

 

« L’Amérique latine dans la dépression économique mondiale », Le Temps, 25 août 1931.