La carrière du haut-fonctionnaire Paul DELOUVRIER par le journal L’Humanité (1995)
Avec la mort, hier, de Paul DELOUVRIER, c’est l’un des derniers grands serviteurs de l’État du temps du général DE GAULLE qui vient de disparaître. Inspecteur des finances, il participa aux combats de la Résistance dans la région de Nemours, fit partie, à la Libération, d’un cabinet ministériel, avant de diriger, en 1948, la section financière du commissariat général du Plan.
Dix ans plus tard, il sortit de l’ombre, à la faveur du retour au pouvoir du général DE GAULLE qui le nomma délégué général du gouvernement en Algérie. L’anecdote veut que, tenté de refuser ce poste, il objecta: « Mon général, je ne suis pas de taille. » Ce à quoi il lui fut répondu: « Vous grandirez, DELOUVRIER ! »
Pendant près de deux ans, il fut donc l’un des hommes clés de la politique algérienne de DE GAULLE, avant de devenir, en 1961, celui de la restructuration de la région parisienne. Nommé délégué général de ce qui s’appelait alors un «district», il attacha son nom au projet des «villes nouvelles» et, d’une façon plus générale, à l’élaboration, en 1965, du premier schéma directeur d’aménagement de l’Ile-de-France.
Préfet de la région parisienne de 1966 à 1969, Paul DELOUVRIER avait gardé un œil critique sur l’expérience qu’il avait initiée et sur ses développements ultérieurs. « On rêve d’un idéal et la vie en offre rarement le spectacle », confiait-il, il y a moins d’un mois, au journal Libération, avant de tenter cette définition: « Une ville, c’est un référendum permanent. » Ou encore: « Une banlieue, c’est une zone d’habitation qui ne propose pas les équipements d’une ville. En ce sens, un banlieusard est un citoyen mutilé. » Paul DELOUVRIER présida ensuite aux destinées d’EDF – de 1969 à 1979 – puis, jusqu’en 1984, à celles de l’établissement public du parc de La Villette. Il était âgé de 80 ans. »
J-P M., « La mort de Paul DELOUVRIER », L’Humanité (journal du Parti communiste français), 18 janvier 1995.