Les défis de la puissance américaine dans les années 1980 (J. CARTER)
« Les années 1980 sont nées dans la tourmente, les conflits et les changements. Nous sommes dans une période de défis pour nos intérêts et nos valeurs, une période de test pour nos croyances et nos capacités.
En ce moment même, en Iran, cinquante Américains sont toujours retenus prisonniers, ils sont les victimes innocentes du terrorisme et de l’anarchie. En ce moment également une énorme quantité de soldats soviétiques tente d’asservir le peuple afghan pourtant intensément indépendant et profondément religieux.
Ces deux actions – l’une relevant du terrorisme international, l’autre d’une agression militaire – sont des défis pour les États-Unis mais également pour toutes les nations du Monde. Ensemble, nous devons affronter ces menaces contre la paix.
Je suis déterminé à faire en sorte que les États-Unis restent la plus puissante des nations mais notre puissance ne sera jamais utilisée pour initier une quelconque menace contre quelque nation que ce soit, ou contre les droits de quelques individus que ce soit. Nous cherchons à vivre et à rester en sécurité, nous cherchons à être une nation en paix dans un monde stable. Cependant, pour être en sécurité, nous devons accepter le Monde tel qu’il est. […]
L’Union Soviétique a franchi un nouveau pas dans l’agressivité et la radicalité. Elle utilise sa force militaire contre un peuple pratiquement sans défense. Les conséquences de l’invasion soviétique en Afghanistan pourraient bien être la plus sérieuse menace contre la paix depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. […]
La région qui est actuellement menacée par l’armée soviétique en Afghanistan est très importante sur le plan stratégique : elle recèle plus des deux tiers du pétrole mondial exportable. Les efforts soviétiques pour dominer la région ont amené ses troupes à moins de 300 miles des côtes de l’Océan Indien et à proximité du détroit d’Ormuz, la voie d’eau par laquelle transite l’essentiel du pétrole mondial. L’URSS essaie de consolider sa position stratégique et cela menace gravement la liberté de circulation du pétrole au Moyen-Orient.
La situation demande de garder la tête froide, des nerfs d’acier et un passage à l’acte déterminé, non seulement cette année mais également pour les années à venir. Cela demande des efforts collectifs pour faire face à cette nouvelle menace dans le Golfe persique et en Asie du Sud-Ouest. Cela demande la participation de tous ceux qui dépendent du pétrole du Moyen-Orient et qui sont concernés par la paix mondiale et la stabilité politique. Enfin, cela demande la consultation et l’étroite coopération avec les États de la région qui pourraient être menacés. […] Affirmons notre position de façon très claire : toute tentative par une force extérieure de contrôler la région du Golfe persique sera considérée comme une agression envers les intérêts vitaux des États-Unis d’Amérique et une telle agression sera repoussée par tous les moyens nécessaires, y compris par la force. »
Discours sur l’état de l’Union prononcé par le Président Jimmy CARTER le 23 janvier 1980 devant les membres du Congrès américain (source : jimmycarterlibrary.gov).