François MITTERRAND distingue Vichy et la République (1992)

« L’État français, si j’ose dire, cela n’existe pas. Il y a la République […] Et la République à travers toute son histoire, la Ière, la IIe, la IIIe, la IVe et la Ve ont constamment adopté une attitude totalement ouverte pour considérer que les droits des citoyens devaient être appliqués à toute personne reconnue comme citoyen et en particulier les Juifs français. Alors, ne lui demandez pas des comptes à cette République, elle a fait ce qu’elle devait. C’est la République qui a, pratiquement depuis deux siècles où les Républiques se sont succédées, décidé de toutes les mesures d’égalité, de citoyenneté. […] La République a toujours été celle qui a tendu la main pour éviter les ségrégations, et spécialement les ségrégations raciales. Alors, ne demandons pas de comptes à la République.

Mais, en 1940, il y a eu un État français, ne séparez pas les termes « État » et « français » ; l’État français c’était le régime de Vichy, ce n’était pas la République, et à cet État français on doit demander des comptes, je l’admets naturellement, comment ne l’admettrais-je pas ? Je partage totalement le sentiment de ceux qui s’adressent à moi, mais précisément la Résistance puis le gouvernement DE GAULLE, ensuite la IVe République, et les autres, ont été fondés sur le refus de cet État français. Il faut être claire. Il n’y a pas de controverses ! »

 

Entretien du président François MITTERRAND avec des journalistes, le 14 juillet 1992.