Tag Archives: Divers

Renault à Tanger

« La présence de Renault au Maroc ne date pas d’hier. À Casablanca, le fabricant français possède déjà avec la Somaca un site d’assemblage dont il contrôle 81 % du capital. Les marques Renault et Dacia sont leaders au Maroc. Elles totalisent 36 % de parts de marché.

Mais l’usine de Melloussa, située entre la ville de Tanger et le port de Tanger Med, occupe une tout autre dimension. Quand la seconde ligne de production fonctionnera, Renault aura investi au total 1,1 milliard d’euros sur le site. 45 millions d’euros ont été nécessaires pour aplanir les collines du Rif et déplacer neuf millions de m3 de terre.

Au départ prévu pour la fabrication de Renault et Nissan, le projet Melloussa a été revu à la baisse, crise oblige. Mais les Marocains ne désespèrent pas de voir Nissan rejoindre Renault à moyen terme.

Ouverte en février 2012, l’usine produit les modèles low cost Dacia Lodgy et Dacia Dokker. La première ligne de production bénéficie d’une capacité de 170 000 véhicules par an. Mais le site de 314 hectares est calibré pour fabriquer 350 000 véhicules par an. En 2013, jusqu’à 60 voitures pourront sortir chaque heure des deux lignes de production. L’Europe absorbe 85 % des Dacia exportées. […] « Avec Dacia, nous nous attaquons au marché de l’occasion. Cette marque connaît une croissance exceptionnelle. Pour répondre à la demande, il nous fallait un second site en plus de celui de Roumanie. »

Pour l’instant, Renault emploie 4 000 personnes à Melloussa, dont seulement une trentaine d’expatriés et 150 experts étrangers venus assurer des mis

Carte issue des annales du baccalauréat ES/L 2014 (Amérique du Sud)

sions ponctuelles. L’usine devrait faire vivre d’ici 2015 plus de 6 000 salariés. Elle générera alors 30 000 emplois indirects. […]

Pour attirer le fabricant automobile, le royaume marocain a déroulé le tapis rouge : l’usine bénéficie de cinq ans d’exonération d’impôts, d’infrastructures de transports dopées, l’État finance l’Institut de formation des métiers de l’industrie automobile (IFMIA). Situé dans l’enceinte même de l’usine, l’IFMIA bénéficie pour l’instant exclusivement à Renault. Mais il devrait s’ouvrir à terme aux autres entreprises du secteur automobile présentes dans la région.

Renault utilise une liaison ferrée directe entre son usine et le port de Tanger Med voisin de seulement quelques kilomètres. Sur place, un terminal […] de 13 hectares dédié à Renault lui permet d’exporter ses Logan, mais également d’importer des Renault destinées au marché marocain. »

 

Gérard TUR, article sur www.econostrum.info, 12 novembre 2012.

Dharavi, un slum embarrassant dans la capitale financière de l’Inde (2007)

« Toutes les villes en Inde sont bruyantes, mais rien ne correspond au niveau de décibels à Mumbai, l’ancienne Bombay, où le trafic ne s’arrête jamais et les klaxons sont incessants. Le bruit, cependant, n’est pas un problème à Dharavi, le bidonville grouillant d’un million d’âmes, où près de 18 000 personnes s’entassent sur une seule acre de terrain (0,4 hectare). (… ) Une fois que vous avez pris l’habitude de partager 300 pieds carrés (28 mètres carrés) avec 15 hommes et un nombre incalculable de souris, un étrange sentiment de détente s’installe, enfin un moment pour réfléchir !

Dharavi est souvent appelé « le plus grand bidonville d’Asie », une qualification parfois confondue avec « plus grand bidonville du monde. » Ce n’est pas vrai. Mexico Neza-Chalco-Itza Barrio compte quatre fois plus de personnes. En Asie, le quartier Orangi de Karachi (Pakistan) a dépassé Dharavi. Même à Mumbai, où environ la moitié de la population de celle agglomération de 12 millions vit dans ce qui est appelé par euphémisme « quartiers informels », d’autres slums rivalisent avec Dharavi en taille et en misère. »

 

Marc JACOBSON, National Geographic (revue américaine), vol. 211, n°5, mai 2007, p. 74.

Le programme réformé du SPD au congrès de Bad Godesberg (1959)

« Valeurs fondamentales du socialisme :
Nous nous opposons à toute dictature, toute forme de domination totalitaire et autoritaire où la dignité de l’homme est méprisée, sa liberté supprimée et ses droits réduits à néant. Le socialisme ne se réalisera que par la démocratie ; la démocratie ne peut s’accomplir que par le socialisme. […] Les communistes se réclament à tort de la tradition socialiste. En réalité, ils en ont trahi la pensée. Les socialistes veulent instaurer la liberté et la justice, tandis que les communistes exploitent les divisions sociales pour installer la dictature de leur parti.

 

L’État :
La division de l’Allemagne menace la paix. La surmonter est indispensable pour le peuple allemand.
Le parti social-démocrate allemand se reconnaît dans une démocratie où l’autorité de l’État émane du peuple et où le gouvernement est toujours responsable devant le Parlement. […]

 

L’expansion économique :
Le but de la politique économique du parti social-démocrate est l’accès de tous à la prospérité croissante. […] La libre consommation et le libre choix de l’emploi sont des points fondamentaux ; la libre concurrence et la libre-entreprise sont des éléments importants d’une politique économique social-démocrate. […] Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté. C’est pourquoi le parti social-démocrate approuve un marché libre où règne la concurrence.

 

Notre parcours :
Le mouvement socialiste accomplit une mission historique. Il est né d’une protestation naturelle et morale des travailleurs salariés contre le système capitaliste. […] Éliminer les privilèges des classes dirigeantes et donner à tous les hommes liberté, justice et bien, c’est là tout le sens du socialisme. Malgré de lourds revers et nombre d’erreurs, le mouvement ouvrier a pu aux XIXe et XXe siècles gagner la reconnaissance d’un grand nombre de ses revendications. Le prolétaire qui autrefois s’usait au travail pour un salaire de misère a obtenu la légalisation de la journée de huit heures, la protection du travail, les assurances-chômage, maladie et invalidité, et le droit à la retraite pour ses vieux jours. Il a conquis la liberté de réunion, la liberté de l’organisation syndicale, le droit de grève. Il est en train d’imposer son droit à la cogestion. […] D’un parti de la classe ouvrière, le SPD est devenu un parti du peuple ouvert à tous. […]
Les communistes étouffent les libertés. Ils violent les droits de l’homme et le droit des peuples et des personnes à disposer d’eux-mêmes. A leur pouvoir s’oppose aujourd’hui un nombre croissant de personnes y compris dans les pays communistes. Là aussi, des changements s’accomplissent. Les espoirs du monde reposent sur une organisation basée sur les principes du socialisme démocratique qui veut créer une société respectueuse de la dignité humaine, libérée de tout besoin et de toute crainte, de toute guerre et de toute oppression, en lien avec toutes les personnes de bonne volonté. »

 

Extraits de la déclaration finale du Congrès du parti social-démocrate allemand (SPD), à Bad Godesberg, RFA, 1959.

Le XXIe siècle, un siècle américain ? (Le Monde, 2000)

« Un siècle américain ?

Au beau milieu des années 1980 encore, on les disait sur le déclin. De ce côté-ci de l’Atlantique mais également en Asie, où les succès économiques portaient certains à l’arrogance, on les voyait sur le chemin de la décadence. Ils avaient dominé le siècle. Mais l’heure de l’Europe et de l’Asie – du Japon ou de la Chine, selon les modes – avait sonné. Bref, les États-Unis, affirmait-on alors, gros ouvrages à l’appui, avaient connu leur apogée.

On avait parlé trop vite. Ils n’étaient pas en sommeil : ils changeaient. Ils inventaient la nouvelle économie. Ils intégraient, les premiers, les dernières technologies de l’information, nées chez eux, à l’industrie et aux services. Cette révolution allait redonner à l’économie américaine sa place prépondérante. A cette puissance économique et technologique s’ajoute, au lendemain de la victoire dans la guerre froide, leur domination militaire – celle des armes du futur – et idéologique – l’économie de marché et la démocratie, indépassables horizons… Ils sont le plus gros centre de recherche du monde : année après année, leurs scientifiques empochent plus de 60% des Nobel. Un demi-million de jeunes étrangers étudient dans leurs universités.

Autant politique qu’économique, leur puissance est aussi, surtout, culturelle : la culture populaire américaine domine le monde. L’ensemble de la panoplie, qu’aucun autre État ne possède au complet, fait d’eux ce que l’essayiste américain Ben J. WATTENBERG a, le premier, appelé une « hyperpuissance ». Le XXIe siècle s’annonce-t-il comme la répétition du XXe siècle : un siècle américain ? »

Éditorial du journal Le Monde, 1er janvier 2000.

La Résistance française tournée vers les États-Unis (1943)

L’article est rédigé par le comité d’experts de la France libre fondé par Jean MOULIN en 1942.

 

« Au lendemain du traité de Versailles, quelle a été la cause essentielle du désarroi européen, sinon l’éloignement de plus en plus marqué des États-Unis ? Le même péril menacerait demain notre sécurité péniblement reconquise, […] si nous concevions l’Europe comme une Communauté indépendante et autonome. Nous ne sommes pas capables, par nos propres moyens, de réfréner les appétits de domination qui, d’âge en âge, se réveillent dans le peuple allemand. Il faut, pour les tenir en respect, la présence réelle de l’Amérique, sans laquelle nous n’aurions pas gagné la guerre en 1918, et sans laquelle nous aurions été cette fois définitivement réduits à l’esclavage. Notre seule garantie que la paix nouvelle ne sera pas déchirée comme la précédente, c’est que les États-Unis continuent à s’intéresser effectivement aux affaires de l’Europe. »

Comité général d’étude de la Résistance, « La France et l’idée d’Europe », Les Cahiers politiques, n°1, avril 1943.

La carrière du haut-fonctionnaire Paul DELOUVRIER par le journal L’Humanité (1995)

Avec la mort, hier, de Paul DELOUVRIER, c’est l’un des derniers grands serviteurs de l’État du temps du général DE GAULLE qui vient de disparaître. Inspecteur des finances, il participa aux combats de la Résistance dans la région de Nemours, fit partie, à la Libération, d’un cabinet ministériel, avant de diriger, en 1948, la section financière du commissariat général du Plan.

Dix ans plus tard, il sortit de l’ombre, à la faveur du retour au pouvoir du général DE GAULLE qui le nomma délégué général du gouvernement en Algérie. L’anecdote veut que, tenté de refuser ce poste, il objecta: « Mon général, je ne suis pas de taille. » Ce à quoi il lui fut répondu: « Vous grandirez, DELOUVRIER ! »

Pendant près de deux ans, il fut donc l’un des hommes clés de la politique algérienne de DE GAULLE, avant de devenir, en 1961, celui de la restructuration de la région parisienne. Nommé délégué général de ce qui s’appelait alors un «district», il attacha son nom au projet des «villes nouvelles» et, d’une façon plus générale, à l’élaboration, en 1965, du premier schéma directeur d’aménagement de l’Ile-de-France.

Préfet de la région parisienne de 1966 à 1969, Paul DELOUVRIER avait gardé un Å“il critique sur l’expérience qu’il avait initiée et sur ses développements ultérieurs. « On rêve d’un idéal et la vie en offre rarement le spectacle », confiait-il, il y a moins d’un mois, au journal Libération, avant de tenter cette définition: « Une ville, c’est un référendum permanent. » Ou encore: « Une banlieue, c’est une zone d’habitation qui ne propose pas les équipements d’une ville. En ce sens, un banlieusard est un citoyen mutilé. » Paul DELOUVRIER présida ensuite aux destinées d’EDF – de 1969 à 1979 – puis, jusqu’en 1984, à celles de l’établissement public du parc de La Villette. Il était âgé de 80 ans. »

J-P M., « La mort de Paul DELOUVRIER », L’Humanité (journal du Parti communiste français), 18 janvier 1995.

Le face-à-face Chine-Japon (2010)

« S’agissant de la construction régionale, [les conceptions de la Chine et du Japon ] sont opposées : pour la Chine, son périmètre devrait être celui de l’ASEAN+3 alors que le Japon milite pour l’ASEAN+6, qui inclut l’Autralie, l’Inde et la Nouvelle-Zélande. […] La raison du désaccord est évidente. La Chine préfère le cadre de l’ASEAN+3, où son influence est plus forte ; le Japon privilégie au contraire ASEAN+6 car les liens étroits qu’il a tissés avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et plus récemment l’Inde, lui permettraient d’établir un « arc de la démocratie » en rempart contre les ambitions chinoises. L’accès aux ressources, vital pour chacun des deux pays, les oppose aussi violemment. Pour les hydrocarbures par exemple, deux différends les ont déjà opposés. Outre le contentieux territorial sur l’archipel Senkaku/Diaoyutai, un désaccord les sépare sur leurs frontières maritimes et donc sur la propriété des ressources halieutiques ou énergétiques de certaines zones, notamment les gisements pétroliers et gaziers situés en mer de Chine orientale. Ils s’étaient déjà longuement affrontés par Russie interposée sur le tracé du pipeline acheminant le pétrole sibérien vers la région Asie-Pacifique. »

C. MEYER, Chine ou Japon, quel leader pour l’Asie ?, Presses de Sciences Po, coll. « Nouveaux débats », 2010.

L’un des premiers discours de la Chine communiste à l’ONU (1971)

Trois semaines avant cette intervention, la Chine communiste a pris la place de la Chine nationaliste (Taïwan) comme membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU.

 

« La Chine est encore un pays économiquement arriéré et un pays en cours de développement à la fois. Comme la grande majorité des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, la Chine appartient au Tiers-Monde […]. A aucun moment, ni maintenant, ni jamais, la Chine ne sera une superpuissance soumettant les autres à son agression, à son contrôle ou à son harcèlement. […] La Chine ne participera jamais aux prétendues conversations du désarmement entre les puissances nucléaires derrière le dos des puissances non-nucléaires. La Chine ne produit des armes nucléaires que pour sa défense et pour briser le monopole nucléaire afin d’éliminer en définitive les armes nucléaires et la guerre nucléaire. […] Il est de notre devoir naturel d’aider les peuples de divers pays dans leur lutte légitime : nous avons aidé certains pays amis à développer leurs économies nationales indépendamment. En apportant notre aide, nous respectons toujours strictement la souveraineté des pays bénéficiaires, nous ne posons pas de conditions et n’exigeons aucun privilège. Nous apportons à titre gratuit une aide militaire à des pays et à des peuples en lutte contre l’agression. Nous ne deviendrons jamais des marchands d’armes et de munitions. Cependant, du fait que l’économie de la Chine est encore relativement en retard, l’aide matérielle que nous apportons est très limitée : ce que nous pouvons surtout procurer, c’est le soutien politique et moral. »

 

CHIAO Kuan-Hua (vice-ministre des Affaires étrangères chinois), discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, 15 novembre 1971

Les innovations du 12e plan quinquennal chinois (2010)

« Après une analyse détaillée du communiqué issu de la cinquième session plénière du 17e Comité central du Parti communiste chinois qui s’est clôturée le 18 octobre [2010], LIAN Yuming, directeur de l’Institut de recherche sur le développement des villes internationales de Pékin, a constaté que six changements allaient être introduits par le 12e plan quinquennal du développement économique et social (2011-2015).
D’abord, sur le plan économique, la Chine va promouvoir la transformation de son mode de développement. Il y aura un passage de l’attachement à la croissance économique à grande vitesse à l’amélioration de la qualité de la croissance et de ses effets. L’accent sera mis sur une croissance modérée, stable et durable.
La session plénière a souligné qu’il fallait insister sur le concept de développement scientifique, le principe fondamental de la primauté de l’être humain, tout en tenant compte de chaque secteur d’activité, afin de réaliser un développement économique et social général, ordonné et durable, garantir et améliorer les conditions de vie de la population, favoriser l’équité et la justice sociales. […]
Ensuite, la transformation du mode de développement économique chinois représente un défi pour les années à venir. Cela signifie que les objectifs de réduction des émissions polluantes et les économies d’énergie resteront à l’ordre du jour. La manière de promouvoir un développement vert et limitant les émissions de carbone constitue plus que jamais une question à laquelle la Chine doit répondre pour trouver une voie de développement durable. »

ZHANG Yan, « Les six innovations du 12e plan quinquennal pour le développement économique et social », www.cctv.org, 20 octobre 2010.

La rupture sino-soviétique justifiée par la propagande chinoise

« La critique de Staline par le XXe Congrès du PCUS [Parti communiste d’URSS] fut erronée. […] La vie de STALINE fut celle d’un grand marxiste-léniniste, d’un grand révolutionnaire prolétarien […]. Mais dans son rapport secret au XXe Congrès du PCUS, le camarade KHROUCHTCHEV a complètement répudié STALINE, défigurant la dictature du prolétariat, le système socialiste, le grand Parti communiste de l’Union soviétique, la grande Union soviétique et le mouvement communiste international. […]

La direction du PCUS s’attache avec un zèle croissant à conclure des marchés politiques avec l’impérialisme américain et ne pense qu’à contracter une alliance réactionnaire avec KENNEDY, n’hésitant pas, pour ce faire, à sacrifier les intérêts du camp socialiste et du mouvement communiste international. L’exemple frappant est la crise de Cuba au cours de laquelle la direction du PCUS versa dans le capitulationnisme en cédant au chantage nucléaire de l’impérialisme américain. »

 

« Les divergences entre la direction du PCUS et nous – leur origine et leur évolution », Renmin Ribao (Quotidien du peuple), 6 septembre 1963

1 … 4 5 6 7