L’Afrique, destination de prédilection des investisseurs (tribune sino-éthiopienne, 2015)
« [L’Afrique] peut se targuer d’avoir attiré un montant record d’investissements directs étrangers (IDE), ces derniers représentant 60 milliards de dollars, soit cinq fois plus qu’en 2000. L’investissement direct étranger en provenance de Chine a par exemple augmenté de 3,5 milliards de dollars en 2013 et la plupart des pays africains en ont bénéficié. […]
« Pourquoi cet engouement ? La raison est simple : le monde entier a le regard tourné vers l’Afrique, son milliard d’habitants et sa classe moyenne émergente. Bonne nouvelle : les investisseurs s’intéressent à d’autres secteurs que celui des matières premières, les services financiers, la construction et l’industrie manufacturière représentant par exemple aujourd’hui 50% des IDE en provenance de la Chine. Et les industriels prennent conscience que l’Afrique a le potentiel de devenir « l’usine du monde ». […]
« En raison de la hausse des coûts de production en Asie, nombreux sont les fabricants à se tourner vers l’Éthiopie, le Kenya et le Rwanda. La Chine, la Turquie et l’Inde sont aujourd’hui les principaux employeurs du secteur manufacturier en Afrique. Mais le made in Ethiopia pourrait-il remplacer le made in China ? […] [Si] l’Afrique souhaite se positionner comme la nouvelle usine du monde, elle devra cependant s’en donner les moyens. […]
« L’Afrique a besoin d’une main-d’œuvre qualifiée. Au cours des vingt prochaines années, les effectifs de la main-d’œuvre augmenteront plus en Afrique subsaharienne que dans l’ensemble du reste du monde. Comment peut-elle tirer parti de ce dividende démographique ? Cette nouvelle population en âge de travailler devra pouvoir accéder à des emplois bien rémunérés. Il faudra pour cela investir davantage dans l’éducation afin d’offrir aux jeunes une formation adaptée aux attentes du marché. […]
« L’Afrique a besoin d’infrastructures. Si l’Afrique est perçue comme la destination phare des investisseurs, elle devra cependant s’atteler à réduire son déficit en infrastructures : une tâche gigantesque ! […] L’Afrique subsaharienne pâtit de son manque d’intégration au commerce mondial, ses camions de marchandises n’avançant parfois pas plus vite qu’un attelage tiré par des chevaux, et ses grands ports étant constamment embouteillés. »
Tribune de Makhtar DIOP (vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique), YUAN Li (vice-président exécutif de la Banque chinoise de développement), LI Yong (directeur général, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel) et
Ato Ahmed SHIDE (ministre des Finances et du Développement économique de la République fédérale d’Ethiopie) publiée dans le China Daily du 30 juin 2015 et reprise le même jour sur le site de la Banque mondiale