La « Toussaint rouge » évaluée par F. MITTERRAND (1954)

« Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, des attaques à main armée, des attentats  à  la  bombe,  des  sabotages  de  lignes  et  de  voies  de  communication,  des incendies enfin ont eu lieu sur l’ensemble du territoire algérien, de Constantine à Alger et d’Alger à Oran.

Dans le département de Constantine, vous le savez, se produisirent les  événements  les  plus  graves.  Là,  cinq  personnes  furent  tuées :  un  officier,  deux soldats  qui remplissaient  leur  devoir,  un  caïd  et  un  instituteur  […]  De  jeunes instituteurs  sont  venus  accomplir – et  c’était  le  premier  jour-la  tâche  qu’ils  avaient choisie. Et voilà qu’ils sont frappés. Sauront-ils pourquoi ? Sans doute non, les choses sont  vite faites.  Assassinés,  ils  ont  quand  même  le  temps  d’apercevoir  le  frère musulman qui tente de les défendre et qui meurt le premier […]

Voilà donc qu’un peu partout, d’un seul coup, se répand le bruit que l’Algérie est à feu et à sang. De même que le Maroc et la Tunisie ont connu ce phénomène du terrorisme individuel dans les villes et dans les campagnes, faut-il que l’Algérie ferme la boucle de cette ceinture du monde  en  révolte  depuis  quinze  ans  contre  les  nations  qui  prétendaient  les  tenir  en tutelle ?

Eh  bien  !  non,  cela  ne  sera  pas,  parce  qu’il  se  trouve  que  l’Algérie,  c’est  la France, parce qu’il se trouve que les départements de l’Algérie sont des départements de la République française. Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a quelque différence dans  l’application  de  nos  lois,  partout  la  loi  s’impose  et  cette  loi  est  la  loi  française  ; c’est celle que vous votez parce qu’il n’y a qu’un seul Parlement et qu’une seule nation dans les territoires d’outre-mer comme dans les départements d’Algérie comme dans la métropole. »

 

Discours à l’Assemblée nationale du ministre de l’Intérieur François MITTERRAND le 12 novembre 1954