DE GAULLE appelle à l’unité d’une France unanimement résistante (octobre 1944)

« Enfin, nous devons nous unir. Assurément, nous autres, Français, sommes divers à tous égards. Nous le sommes par nos idées, nos professions, nos régions. Nous le sommes par notre nature qui nous a fait essentiellement critiques et individualistes. Nous le sommes aussi, hélas ! en conséquence des malheurs que nous venons de traverser et qui nous ont blessés et opposés les uns aux autres.
Mais, à part une poignée de misérables et d’indignes, dont l’État fait et fera justice, l’immense majorité d’entre nous furent et sont des Français de bonne foi. Il est vrai que beaucoup ont pu se tromper à tel moment ou à tel autre, depuis qu’en 1914 commença cette guerre de trente ans. Je me demande même qui n’a jamais commis d’erreur ? Il est vrai que certains ont pu céder à l’illusion ou au découragement quand le désastre et le mensonge avaient submergé notre pays. Il est vrai que même parmi ceux qui s’opposèrent vaillamment à l’ennemi, il y a eu des degrés divers dans le mérite […]. Mais quoi ? La France est formée de tous les Français. Elle a besoin, sous peine de périr, des cœurs, des esprits, des bras de tous ses fils et de toutes ses filles. Elle a besoin de leur union, non point celle que l’on proclame dans des programmes ou des discours pour la compromettre en même temps par querelles, outrages et surenchères, mais de leur union réelle, sincère, fraternelle. »

 

Discours de Charles DE GAULLE prononcé à Paris le 14 octobre 1944