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JFK explique sa stratégie spatiale en 1961

Après son discours de la Nouvelle Frontière (1960), et alors que l’URSS vient d’envoyer le premier homme dans l’espace, le président KENNEDY explique au Congrès les objectifs de sa politique spatiale.

 

« Je crois que cette nation devrait s’engager à réaliser, avant la fin de cette décennie, l’objectif d’envoyer un homme sur la Lune et de le ramener sain et sauf sur Terre. Aucun autre projet spatial à notre époque ne sera plus [imposant] ni plus important pour l’exploration de l’espace à long terme ; aucun ne sera non plus aussi difficile ou aussi onéreux à accomplir. […]

Nous proposons d’accélérer le développement de vaisseaux spatiaux lunaires adéquats. Nous proposons de développer de nouvelles fusées de lancement à combustible aussi bien liquide que solide, d’une puissance nettement supérieure à celles sur lesquelles les recherches portent actuellement, jusqu’à pouvoir décider avec certitude de la supériorité des unes ou des autres. Nous proposons que des fonds supplémentaires soient alloués à des recherches complémentaires sur les moteurs et à des missions non habitées, missions d’une importance cruciale au regard d’un objectif que cette nation n’oubliera jamais : la survie de l’homme qui le premier entreprendra un vol aussi audacieux. Mais, véritablement, il ne s’agira pas du voyage sur la Lune d’un seul homme ; il s’agira de celui de la nation toute entière. Car l’y envoyer demandera que nous unissions tous nos efforts. »

John F. KENNEDY (1917-1963), discours devant le Congrès, 25 mai 1961.

La carrière du haut-fonctionnaire Paul DELOUVRIER par le journal L’Humanité (1995)

Avec la mort, hier, de Paul DELOUVRIER, c’est l’un des derniers grands serviteurs de l’État du temps du général DE GAULLE qui vient de disparaître. Inspecteur des finances, il participa aux combats de la Résistance dans la région de Nemours, fit partie, à la Libération, d’un cabinet ministériel, avant de diriger, en 1948, la section financière du commissariat général du Plan.

Dix ans plus tard, il sortit de l’ombre, à la faveur du retour au pouvoir du général DE GAULLE qui le nomma délégué général du gouvernement en Algérie. L’anecdote veut que, tenté de refuser ce poste, il objecta: « Mon général, je ne suis pas de taille. » Ce à quoi il lui fut répondu: « Vous grandirez, DELOUVRIER ! »

Pendant près de deux ans, il fut donc l’un des hommes clés de la politique algérienne de DE GAULLE, avant de devenir, en 1961, celui de la restructuration de la région parisienne. Nommé délégué général de ce qui s’appelait alors un «district», il attacha son nom au projet des «villes nouvelles» et, d’une façon plus générale, à l’élaboration, en 1965, du premier schéma directeur d’aménagement de l’Ile-de-France.

Préfet de la région parisienne de 1966 à 1969, Paul DELOUVRIER avait gardé un œil critique sur l’expérience qu’il avait initiée et sur ses développements ultérieurs. « On rêve d’un idéal et la vie en offre rarement le spectacle », confiait-il, il y a moins d’un mois, au journal Libération, avant de tenter cette définition: « Une ville, c’est un référendum permanent. » Ou encore: « Une banlieue, c’est une zone d’habitation qui ne propose pas les équipements d’une ville. En ce sens, un banlieusard est un citoyen mutilé. » Paul DELOUVRIER présida ensuite aux destinées d’EDF – de 1969 à 1979 – puis, jusqu’en 1984, à celles de l’établissement public du parc de La Villette. Il était âgé de 80 ans. »

J-P M., « La mort de Paul DELOUVRIER », L’Humanité (journal du Parti communiste français), 18 janvier 1995.

Les Républicains rejettent le traité de Versailles (1919)

Les Républicains ont obtenu la majorité au Congrès en novembre 1918. Leur leader au Sénat, Henry CABOT LODGE, propose de n’accepter le traité de Versailles qu’avec un certain nombre de réserves.

« Les États-Unis se réservent exclusivement le droit de décider ce qui rentre dans le cadre de leur législation intérieure et déclarent que toutes les questions de politique intérieure, qui relèvent en partie ou en totalité de leurs affaires internes, y compris l’immigration, le travail […], les droits de douane, le commerce […], sont uniquement du ressort de la législation des États-Unis et n’ont pas, en vertu de ce traité, à être soumises en aucune manière à l’arbitrage ou à l’examen du Conseil ou de l’Assemblée de la SDN […].

Les États-Unis ne soumettront à un arbitrage ou une enquête de l’Assemblée ou du Conseil de la SDN, en vertu dudit traité, aucune question dans laquelle la décision des États-Unis dépend de cette politique établie depuis longtemps que l’on appelle communément la doctrine Monroe. […]

Les États-Unis ne seront pas obligés de contribuer aux dépenses de la SDN ou de son Secrétariat ou de quelque commission, comité, conférence ou autre agence […] sans qu’au préalable le Congrès des États-Unis n’ait affecté des fonds à ces dépenses. […]

Si les États-Unis adoptaient un quelconque plan de limitation des armements proposé par le Conseil de la SDN […], ils se réservent le droit d’augmenter ces armements sans l’accord du Conseil, au cas où les États-Unis seraient menacés d’invasion ou engagés dans une guerre. »

Henry CABOT LODGE, discours du 19 novembre 1919.

Les 14 points du président WILSON (1918 – extraits)

« Nous sommes entrés dans cette guerre parce que des violations du droit se sont produites qui nous touchaient au vif, et qui rendaient la vie de notre peuple impossible, à moins qu’elles ne fussent réparées, et que le monde ne fût une fois pour toutes assuré contre leur retour. Ce que nous exigeons dans cette guerre n’est donc rien de particulier pour nous-mêmes. Ce que nous voulons, c’est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre, un lieu possible spécialement pour toute nation éprise de la paix, comme la notre, pour toute nation qui désire vivre librement de sa vie propre, décider de ses propres institutions, et être sûre d’être traitée en toute justice et loyauté par les autres nations, au lieu d’être exposée à la violence et aux agressions égoïstes de jadis. […] C’est donc le programme de la paix du monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul possible selon nous, est le suivant :

1. Des conventions de paix, préparées au grand jour ; après quoi il n’y aura plus d’ententes particulières et secrètes d’aucune sorte entre les nations, mais la diplomatie procédera toujours franchement et à la vue de tous.

2. Liberté absolue de la navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales, aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre […].

3. Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques, et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations consentant à la paix et s’associant pour son maintien.

4. Échange de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure.

5. Un arrangement librement débattu, dans un esprit large et absolument impartial, de toutes les revendications coloniales, basé sur la stricte observation du principe que, dans le règlement de ces questions de souveraineté, les intérêts des populations en jeu pèseront d’un même poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera à définir. […]

14. Il faut qu’une société des nations soit constituée en vertu de conventions formelles ayant pour objet d’offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux petits comme aux grands États. »

 

Woodrow WILSON, message adressé au Sénat des États-Unis, 8 janvier 1918.

François MITTERRAND juge la Chine en 1966

En 1966, le député François MITTERRAND préside la Fédération de la Gauche démocrate et socialiste, regroupant la gauche française non-communiste. Il a visité la Chine en 1961 et rencontré MAO Zedong.

 

« La Chine populaire est au travail. Avec passion, avec acharnement, avec une incroyable rigueur logique dans l’exécution de conceptions incroyablement changeantes, quoique, d’un bond en avant à un bond de côté, elles demeurent, selon les doctrinaires, dans la ligne lénino-marxiste revue et commentée par MAO.

Elle multiplie les expériences. Il lui faut tout faire à la fois. […] Produire plus, mieux, moins cher et plus vite, alors qu’elle en est au stade d’un investissement dont le profit reste au futur ; centraliser, rationaliser, distribuer pour nourrir une population qui s’accroit actuellement d’une demi-France par an ; entreprendre de grands travaux. […] En quinze années, elle a endigué des fleuves, modelé des montagnes, détruit et reformé une société, éduqué des cadres par centaines de milliers. Mais […] les ingénieurs qui sondent les profondeurs du sol, réinventent un équipement ultramoderne, rationalisent le rendement, […] mais les fonctionnaires du Parti qui s’épuisent à expliquer, à convaincre, à contrôler, à rendre compte, ne sont encore que les pionniers des temps futurs. »

 

François MITTERRAND, préface à l’Histoire de la Chine en 1 000 images de Claude ESTIER, 1966

L’un des premiers discours de la Chine communiste à l’ONU (1971)

Trois semaines avant cette intervention, la Chine communiste a pris la place de la Chine nationaliste (Taïwan) comme membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU.

 

« La Chine est encore un pays économiquement arriéré et un pays en cours de développement à la fois. Comme la grande majorité des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, la Chine appartient au Tiers-Monde […]. A aucun moment, ni maintenant, ni jamais, la Chine ne sera une superpuissance soumettant les autres à son agression, à son contrôle ou à son harcèlement. […] La Chine ne participera jamais aux prétendues conversations du désarmement entre les puissances nucléaires derrière le dos des puissances non-nucléaires. La Chine ne produit des armes nucléaires que pour sa défense et pour briser le monopole nucléaire afin d’éliminer en définitive les armes nucléaires et la guerre nucléaire. […] Il est de notre devoir naturel d’aider les peuples de divers pays dans leur lutte légitime : nous avons aidé certains pays amis à développer leurs économies nationales indépendamment. En apportant notre aide, nous respectons toujours strictement la souveraineté des pays bénéficiaires, nous ne posons pas de conditions et n’exigeons aucun privilège. Nous apportons à titre gratuit une aide militaire à des pays et à des peuples en lutte contre l’agression. Nous ne deviendrons jamais des marchands d’armes et de munitions. Cependant, du fait que l’économie de la Chine est encore relativement en retard, l’aide matérielle que nous apportons est très limitée : ce que nous pouvons surtout procurer, c’est le soutien politique et moral. »

 

CHIAO Kuan-Hua (vice-ministre des Affaires étrangères chinois), discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, 15 novembre 1971

La théorie des trois mondes de DENG Xiaoping (1974)

« A en juger par les changements intervenus dans les relations internationales, notre globe comporte en fait maintenant trois parties, trois mondes qui sont à la fois liés mutuellement et contradictoires entre eux.

Les États-Unis et l’Union soviétique forment le premier monde, les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et des autres régions, le tiers-monde, et les pays développés se trouvant entre eux [forment] le second monde. Les deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique tentent mais en vain de s’assurer l’hégémonie mondiale. Elles cherchent par divers moyens à placer sous leur contrôle respectif les pays en voie de développement […]. Tous les jours, elles parlent de « détente » mais créent en fait la tension. […] Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d’une nouvelle guerre mondiale. […]

La Chine est un pays socialiste et en même temps un pays en voie de développement. Elle appartient au tiers-monde. Le gouvernement et le peuple chinois, indéfectiblement fidèles aux enseignements du président MAO, appuient résolument la lutte menée par les nations et les peuples opprimés de partout pour la conquête et la sauvegarde de l’indépendance nationale et le développement de l’économie nationale, contre le colonialisme, l’impérialisme et l’hégémonisme. […] La Chine n’est pas une superpuissance et jamais elle ne cherchera à en être une. »

 

Intervention de DENG Xiaoping (chef de la délégation chinoise à l’ONU) devant l’Assemblée générale de l’ONU, 10 avril 1974 (lire le discours en intégralité)

La rupture sino-soviétique justifiée par la propagande chinoise

« La critique de Staline par le XXe Congrès du PCUS [Parti communiste d’URSS] fut erronée. […] La vie de STALINE fut celle d’un grand marxiste-léniniste, d’un grand révolutionnaire prolétarien […]. Mais dans son rapport secret au XXe Congrès du PCUS, le camarade KHROUCHTCHEV a complètement répudié STALINE, défigurant la dictature du prolétariat, le système socialiste, le grand Parti communiste de l’Union soviétique, la grande Union soviétique et le mouvement communiste international. […]

La direction du PCUS s’attache avec un zèle croissant à conclure des marchés politiques avec l’impérialisme américain et ne pense qu’à contracter une alliance réactionnaire avec KENNEDY, n’hésitant pas, pour ce faire, à sacrifier les intérêts du camp socialiste et du mouvement communiste international. L’exemple frappant est la crise de Cuba au cours de laquelle la direction du PCUS versa dans le capitulationnisme en cédant au chantage nucléaire de l’impérialisme américain. »

 

« Les divergences entre la direction du PCUS et nous – leur origine et leur évolution », Renmin Ribao (Quotidien du peuple), 6 septembre 1963

L’entrée de la Chine à l’ONU commentée en 1972

« Assumant le leadership du Tiers-monde, il est probable que la Chine infléchira notablement les relations des divers pays ou groupes de pays, y compris leurs rapports au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU). […] Les hégémonies “verticales” (États-Unis, URSS, Grande-Bretagne, France) sont contestées. Les pays en voie de développement multiplient leurs “contacts horizontaux” ; ils font preuve d’une plus grande solidarité et tendent à pratiquer une diplomatie non engagée. Mais, dira-t-on, ne vont-ils pas tomber de l’emprise américano-soviétique sous la coupe de Pékin ? Il est certain que la Chine pèsera de tout son poids et usera de son droit de veto pour soutenir les justes revendications du tiers-monde. Elle saisira l’Onu de toutes les questions touchant à l’indépendance et au développement, appuyée sur la majorité numérique des pays pauvres. De ce fait, elle acquerra une puissance inégalée. Cela dit, il est peu probable que l’on puisse assister à une emprise chinoise du type de celle qu’ont exercée les Américains et les Soviétiques. Car, d’une part, la Chine ne possède pas les formidables moyens de ces deux pays ; d’autre part, on peut penser que l’entrée de la Chine va mettre fin à la politique des “blocs”, à l’antagonisme bipolaire et exclusif. »

 

Léon TRIVIERE (1915-1998), « Pékin à l’Onu, Taipei exclu », Études, janvier 1972.

Jacques CHIRAC rend hommage au général DE GAULLE (2006)

« La France [de 1940] a placé sa confiance dans les vieilles gloires de la guerre précédente, notamment le maréchal PETAIN […]. Il se croit à l’abri, derrière la protection illusoire de la ligne Maginot. Et lorsque les armées nazies déferlent sur le pays saisi de stupeur, DE GAULLE voit ce qui reste du pouvoir tourner à vide, dans une immense confusion. Les faits lui donnent dramatiquement raison. Mais pour l’heure, il n’a qu’une idée : combattre. […]
Dans le pire effondrement de notre histoire, il prend alors une décision qui change le destin de la France. Le 16 juin 1940, le maréchal PETAIN a formé un nouveau gouvernement. Il entraîne la France dans le choix funeste et déshonorant de l’armistice.
Quelle grandeur il faut au général DE GAULLE pour prendre aussitôt l’avion pour Londres, survolant la ville où sa mère se meurt, sans nouvelles de sa femme et de ses enfants ! Seul, pour assumer la France.
Quel courage, quelle grandeur il lui faut, après une nuit qu’on imagine sans sommeil, écrivant, raturant, réécrivant, pesant chacun de ses mots, pour lancer l’appel du 18 juin ! Seul encore, il porte la continuité des valeurs de la France, abandonnée par ses élites. Il incarne déjà l’espoir d’un peuple jeté sur les routes et bouleversé par la défaite. Tout n’est pas perdu. Le pays peut poursuivre le combat à partir de son Empire. Cette guerre sera une guerre mondiale, un choc frontal entre la démocratie et le totalitarisme nazi. Tôt ou tard, la victoire basculera dans le camp de la liberté. Quel courage il lui faut, alors que le gouvernement de Vichy l’a condamné à mort, quelle humanité, au sens le plus noble du terme, pour poursuivre le combat après l’échec de Dakar ! Quelle grandeur, lui qui n’est presque rien, pour regarder droit dans les yeux CHURCHILL, pour tenir tête à ROOSEVELT, qui lui préfère le général GIRAUD ! Ce courage, il le puise dans l’idée qu’il se fait de la France, et dans sa foi dans les valeurs de la République. Alors que Vichy, servile, livre les Juifs à leurs bourreaux, De Gaulle ne veut connaître que deux catégories de Français : ceux qui font leur devoir, et ceux qui ne le font pas. Grâce à lui, la France est dans le camp des vainqueurs. Il charge Jean MOULIN d’unifier la résistance. En 1942, les Français libres se couvrent de gloire à Bir Hakeim. Le 6 juin 1944, les hommes du commandant KIEFFER débarquent en Normandie. En août, Paris est libéré par les Parisiens et la division Leclerc. Aux côtés des alliés, des Français participent à la délivrance du pays jusqu’à Strasbourg, accomplissant ainsi le serment fait à Koufra, avant de marcher sur Berlin.
Dans Paris libéré, les Champs-Élysées, envahis par une foule immense, s’ouvre devant lui comme une mer. Il refait autour de sa personne l’unité de la France déchirée. Et lorsqu’on lui demande de proclamer la République, il répond qu’elle n’a jamais cessé d’être : la France libre, la France combattante, le Comité français de la libération nationale, l’ont tour à tour incarnée face à Vichy. »

Jacques CHIRAC, président de la République, discours pour l’inauguration du mémorial Charles-de-Gaulle de Colombey-les-deux-Églises (Champagne-Ardennes), le 9 novembre 2006.

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