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François HOLLANDE donne une image partiale de la Chine (2014)

Aujourd’hui, c’est la Chine et la France qui se retrouvent une fois encore. Les liens qui unissent nos deux pays s’inscrivent loin dans notre histoire. […] Et dans ce long récit, un acte plus important que tout autre a été posé le 27 janvier 1964. […] Là, le général DE GAULLE avait raccourci pour mieux forcer sa pensée et il avait ainsi écrit : « Le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d’un commun accord, d’établir des relations diplomatiques ». […]

50  ans  plus  tard,  nous  pouvons  aussi  mesurer  le  chemin  parcouru.  La  Chine,  sous l’impulsion de DENG Xiaoping, a pris la voie de la réforme et de l’ouverture. Elle est devenue  en  30 ans  la  deuxième  puissance  économique  du  monde,  un  grand  pays scientifique avec plus d’un tiers des ingénieurs formés chaque année dans le monde. […] La Chine, c’est également la troisième nation à avoir conquis la Lune. La Chine, elle est portée par la dynamique d’abord de son émergence, ensuite de son influence. Et elle poursuit un développement à un rythme très rapide. […]

Alors, la France, elle veut encore renforcer sa relation avec la Chine. […] Aujourd’hui, 1 500 000 Chinois visitent la France chaque année […]. Nous avons aussi une chance qui est de partager une communauté chinoise ici, en France, et je la salue. Plus de 600 000 personnes qui sont particulièrement dynamiques et qui vous ont réservé un très bon accueil. Et puis il y a ces Français qui se sont installés en Chine soit pour y faire leurs études – de plus en plus nombreux –, soit pour y créer une activité, y investir, y commercer et qui sont nos meilleurs vecteurs pour prolonger, promouvoir nos relations et notre amitié.

Alors,  50  ans  après  cette  décision  historique,  qu’est-ce  que  nous  avons  à  faire ensemble ? Quels défis nous pouvons relever ? Le premier, c’est la paix. C’était d’ailleurs ce que voulait le général  DE GAULLE,  ce  que voulait aussi le président MAO Zedong à ce moment-là où la Guerre froide avait saisi le monde  […].  Nous  sommes  attachées,  la  Chine  et  la  France,  à  l’indépendance,  à  la souveraineté.   Nous   avons   aussi,   vis-à-vis   des   organisations   internationales,   à commencer  par  l’ONU,  le  plus  grand  respect  parce  que  nous  sommes  membres permanents  du  Conseil  de  sécurité  et  que  nous  ne  nous  opposons  pas  aux  résolutions quand  elles  permettent  de  trouver  une  issue  à  des  conflits  qui,  depuis  trop  longtemps, bouleversent les équilibres du monde […]. La  Chine  et  la  France  regardent  au-delà de leurs propres continents et c’est pourquoi nous sommes solidaires de l’Afrique. La Chine y investit depuis longtemps, y travaille, y construit […]. Le second défi, c’est la croissance. J’allais dire, le vôtre, c’est de la maîtriser parce que vous êtes sur des rythmes considérables de progression de l’activité : 7 %  par  an,  ce sont les mauvaises années ; 10 % par an, ce sont les moyennes. […] Je  rappelle  ici  que  d’ici  2020,  plus  de  200  villes  chinoises  dépasseront  le  million d’habitants. Et là, il y a des besoins considérables que nos entreprises ici présentes peuvent satisfaire. […] Il  y  a  17  ans,  la  Chine  représentait  3 % de l’économie mondiale, aujourd’hui elle en représente 12 %. Il y a 17 ans, l’euro n’existait pas, aujourd’hui c’est la monnaie unique de 18 pays européens et la première devise en circulation dans le monde. »

 

Extraits  du  discours prononcé  par  le  président  de  la  République François HOLLANDE à l’occasion de la visite d’État  du  président  chinois  XI Jinping, le 27 mars 2014

Le général MARSHALL présente son plan d’aide (juin 1947)

« Je n’ai pas besoin de vous dire, Messieurs, que la situation mondiale est très grave. […] De plus, la population de ce pays [États-Unis] se trouve très loin des régions troublées de la terre, et elle a beaucoup de peine à imaginer la misère, les réactions qui la suivent chez les peuples qui ont longtemps souffert, et l’effet que ces réactions ont sur leurs gouvernements au cours de nos tentatives pour établir la paix dans le monde.
Lorsqu’on a étudié les besoins de la reconstruction de l’Europe, les pertes en vies humaines, les destructions de villages, d’usines, de mines et de voies ferrées ont été estimées de façon assez exacte, mais il est devenu évident au cours des mois qui viennent de s’écouler que ces destructions visibles sont probablement moins graves que la dislocation de toute la structure de l’économie européenne. […]
La vérité, c’est que les besoins de l’Europe pendant les trois ou quatre prochaines années en vivres et en autres produits essentiels importés de l’étranger – notamment d’Amérique – sont tellement plus grands que sa capacité actuelle de paiement qu’elle devra recevoir une aide supplémentaire très importante ou s’exposer à une dislocation économique, sociale et politique très grave. Le remède consiste à briser le cercle vicieux et à restaurer la confiance des habitants de l’Europe tout entière. […]
Il est logique que les États-Unis doivent faire tout ce qu’ils peuvent pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle la stabilité politique et la paix assurée sont impossibles. Notre politique n’est dirigée contre aucun pays, aucune doctrine, mais contre la famine, la pauvreté, le désespoir et le chaos. Son but doit être la renaissance d’une économie active dans le monde, afin que soient créées les conditions politiques et sociales où de libres institutions puissent exister. Cette aide, j’en suis convaincu, ne doit pas être accordée chichement, chaque fois que surviennent les crises. »

 

Extrait du discours du général George C. MARSHALL, secrétaire d’Etat américain, prononcé à l’université de Harvard, Massachusetts, le 5 juin 1947

DENG Xiaoping analyse la situation du monde en 1974

En avril 1974, DENG Xiaoping, alors vice-premier ministre et chef de la délégation de la Chine à l’ONU, prononce ce discours critique à l’ONU, connu comme la présentation de sa « théorie des trois mondes ».

 

« Monsieur le président,

La session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies concernant les problèmes des matières premières et du développement, sur l’initiative du président du Conseil de la Révolution de la République algérienne démocratique et populaire Houari BOUMEDIENE et avec l’appui de l’écrasante majorité des pays du monde, a inauguré ses travaux avec succès.

C’est la première fois depuis sa fondation, il y a 29 ans, que l’ONU tient une session spéciale consacrée à l’examen de cet important problème qu’est la lutte contre l’exploitation et le pillage impérialistes, pour modifier les rapports économiques entre nations. Cela reflète les profonds changements intervenus dans la situation internationale.

Le gouvernement chinois salue chaleureusement l’ouverture de cette session. Il souhaite qu’elle contribue, de façon positive, à renforcer la solidarité entre les pays en voie de développement, à sauvegarder leurs droits et intérêts économiques nationaux et à promouvoir la lutte des peuples partout contre l’impérialisme et, en particulier, contre l’hégémonisme.

Actuellement, la situation internationale s’avère très favorable aux pays en voie de développement et aux peuples du monde. L’ordre ancien, basé sur le colonialisme, l’impérialisme et l’hégémonisme, se voit ébranlé et miné chaque jour davantage. Les rapports internationaux sont en mutation violente. Le monde entier connaît des bouleversements, il n’est pas tranquille. Cette situation est marquée, pour reprendre une expression chinoise, par « de grands bouleversements sous le ciel ».

Ces « bouleversements » sont une manifestation de l’exacerbation continuelle des diverses contradictions fondamentales qui existent dans le monde d’aujourd’hui. Ils accélèrent la désagrégation et la décadence des forces réactionnaires et pourries, en même temps qu’ils stimulent la prise de conscience des forces populaires montantes et contribuent à la croissance de leur puissance.

Dans cette situation caractérisée par « de grands bouleversements sous le ciel », les diverses forces politiques dans le monde, par suite d’un affrontement et d’une lutte de longue haleine, ont connu des divisions et regroupements intenses. Une série de pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont successivement accédé à l’indépendance, ils jouent un rôle grandissant dans les affaires internationales.

Le camp socialiste, qui avait existé pendant un temps après la Seconde Guerre mondiale, a déjà cessé d’être, avec l’apparition du social-impérialisme. Sous l’effet de la loi de l’inégalité du développement du capitalisme, le bloc impérialiste occidental s’est également désagrégé.

A en juger par les changements survenus dans les relations internationales, notre globe comporte maintenant, en fait, trois parties, trois mondes qui sont à la fois liés mutuellement et contradictoires entre eux. Les États-Unis et l’Union soviétique forment le premier monde ; les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et des autres régions, le tiers monde ; et les pays développés se trouvant entre les deux, le second monde.

Les deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique, tentent, mais en vain, de s’assurer l’hégémonie mondiale. Elles cherchent, par divers moyens, à placer sous leur contrôle respectif les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ; et en même temps, elles malmènent les pays développés dont le potentiel est inférieur au leur.

Les deux superpuissances, les plus grands exploiteurs et oppresseurs internationaux de notre époque, constituent le foyer d’une nouvelle guerre mondiale. Toutes deux disposent d’importantes quantités d’armes nucléaires. Elles se lancent dans une course effrénée aux armements, font stationner des troupes aux effectifs considérables hors de leurs frontières et établissent partout des bases militaires, menaçant ainsi l’indépendance et la sécurité de tous les autres pays. Elles ne cessent de soumettre les autres États à la mainmise, à la subversion, à l’intervention et à l’agression. Toutes deux se livrent, sur le plan économique, à l’exploitation des autres nations, au pillage de leurs richesses et à la spoliation de leurs ressources.

A propos des vexations infligées à autrui, la superpuissance qui arbore l’enseigne du socialisme se montre particulièrement perfide. Elle a envoyé des troupes occuper la Tchécoslovaquie, son « allié », et fomentée une guerre pour démembrer le Pakistan. Elle ne tient pas sa parole et n’agit en aucun cas à la loyale. Cette superpuissance ne recherche que ses intérêts et, pour y parvenir, elle ne recule devant rien.

Les pays développés situés entre les superpuissances et les pays en voie de développement présentent des cas complexes. Certains d’entre eux maintiennent jusqu’à ce jour des rapports colonialistes sous diverses formes avec des pays du tiers monde ; le Portugal, par exemple, continue même d’exercer sa domination coloniale barbare. Cet état de choses doit être redressé.

Dans le même temps, ces pays développés souffrent tous, à des degrés différents, de la mainmise, de la menace ou des vexations de l’une ou l’autre superpuissance ; parmi eux, il y en a qui on en fait été réduits par une superpuissance à l’état de dépendance, sous la couverture de la prétendue « grande communauté ». Tous ces pays demandent, à tel ou tel degré, à s’affranchir de l’asservissement ou du contrôle des superpuissances et à préserver leur indépendance nationale et l’intégrité de leur souveraineté.

Les nombreux pays en voie de développement ont été pendant longtemps victimes de l’oppression et de l’exploitation du colonialisme et de l’impérialisme. Ils ont conquis l’indépendance politique ; cependant, ils se trouvent confrontés, sans exception, à la tâche historique de liquider les forces résiduelles du colonialisme, de développer l’économie nationale et de consolider l’indépendance nationale.

Ces pays s’étendent sur de vastes territoires, où vit une population très nombreuse et où les ressources naturelles sont en abondance. Les plus cruellement opprimés, ils nourrissent un désir des plus ardent de s’opposer à l’oppression, d’acquérir la libération et d’œuvrer pour le développement. Dans la lutte pour la libération et l’indépendance nationales, ils témoignent d’une puissance prodigieuse sans pareille et remportent continuellement des victoires éclatantes. Ils constituent la force motrice révolutionnaire qui fait avancer la roue de l’histoire universelle, de même que la force principale dans la lutte contre le colonialisme, l’impérialisme et, en particulier, contre les superpuissances.

Des contradictions inconciliables opposent les deux superpuissances puisqu’elles se disputent l’hégémonie mondiale ; ou tu l’emportes sur moi, ou c’est moi qui l’emporte sur toi. Le compromis et la collusion entre elles ne peuvent qu’être partiels, temporaires et relatifs, tandis que leur rivalité est générale, de longue durée et absolue. La soi-disant « réduction équilibrée des forces armées » et la soi-disant « limitation des armements nucléaires stratégiques » ne sont, en fin de compte, qu’un pur verbiage. En réalité, il ne peut y avoir ni « équilibre » ni « limitation ». Il se peut que les deux superpuissances parviennent à certains accords, mais de tels accords ne sont que des choses superficielles et trompeuses, sous le couvert desquelles elles se lancent, au fond, dans une rivalité plus grande encore.

La rivalité entre les superpuissances s’étend partout dans le monde. Sur le plan stratégique, le point clé de leur rivalité, c’est l’Europe, où elles se trouvent en affrontement intense depuis de longues années. Par ailleurs, leur dispute s’accentue au Moyen-Orient, en Méditerranée, dans le golfe Persique, dans l’océan Indien comme dans la région du Pacifique. Elles prêchent journellement le désarmement ; mais en fait, il se ne passe un seul jour sans qu’elles ne procèdent à l’expansion des armements. Tous les jours, elles parlent de « détente » mais créent en fait la tension. Là où elles portent leur rivalité, il y a des bouleversements.

Tant qu’existeront l’impérialisme et social-impérialisme, notre planète ne saurait absolument pas connaître la tranquillité ni la paix dite durable ; ou bien ce sont eux qui entreront la guerre l’un contre l’autre, ou bien ce sont les peuples qui se dresseront pour la révolution. Comme l’a fait ressortir le président MAO Zedong, « le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeure et les peuples du monde doivent y être préparés. Mais aujourd’hui, dans le monde, la tendance principale, c’est la révolution ».

Les deux superpuissances se sont créé elles-mêmes leurs antagonistes. Leurs agissements sont ceux de grands pays qui malmènent des petits pays, ceux de pays forts qui humilient des pays faibles, et ceux de pays riches que oppriment des pays pauvres ; ils se heurtent à une résistance énergique de la part du tiers monde et des peuples de tous les pays. Les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont obtenu sans discontinuer de nouvelles victoires dans leur lutte contre le colonialisme, l’impérialisme et, en particulier, contre l’hégémonisme.

Les peuples d’Indochine continuent à faire progresser leur lutte contre l’agression de l’impérialisme américain, pour la libération nationale. Les peuples des pays arabes et de Palestine, au cours de la quatrième guerre moyen-orientale, ont rompu l’emprise des deux superpuissances, renversé la situation « ni guerre, ni paix » et remporté une grandiose victoire sur l’agresseur israélien. La lutte des peuples africains contre l’impérialisme, le colonialisme et la discrimination raciale gagne en profondeur.

La République de Guinée-Bissau est née glorieusement dans les flammes ardentes de la lutte armée. Les peuples du Mozambique, de l’Angola, du Zimbabwe, de Namibie et d’Azanie développent avec vigueur la lutte armée et le mouvement de masse contre la domination coloniale portugaise et le racisme blanc en Afrique du Sud et en Rhodésie du Sud. La lutte que des pays latino-américains avaient engagée les premiers pour préserver leur droit sur la mer s’est d’ores et déjà transformée en une lutte contre l’hégémonie maritime des deux superpuissances, qui se déroule a l’échelle mondiale.

La 10e Conférence au sommet des pays africains, la 4e Conférence au sommet des pays non-alignés, la Conférence au sommet des pays arabes ainsi que la Conférence au sommet des pays islamiques ont toutes condamné avec véhémence l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme, l’hégémonisme, le sionisme et le racisme ; elles ont traduit la ferme volonté et la farouche détermination qu’ont les pays en voie de développement de resserrer leurs rangs, de se prêter mutuellement aide et soutien, et de se battre avec la même haine envers l’ennemi.

La lutte que les pays et peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont menée en avançant par vagues successives a mis à nu la nature vulnérable de l’impérialisme et notamment des superpuissances, qui sont forts en apparence mais faibles en réalité. Elle a porté un coup dur à leur sinistre ambition de s’assurer la domination du monde.

L’hégémonisme et la politique du plus fort pratiquées par les deux superpuissances ont suscité d’ailleurs un vif mécontentement des pays développés du second monde. La lutte entreprise par ces pays contre la mainmise, l’intervention, la menace et l’exploitation des superpuissances qui rejettent sur eux le poids de la crise économique se développe avec chaque jour qui passe. Elle exerce aussi une influence importante sur l’évolution de la situation internationale.

Des faits innombrables démontrent que toute conception qui surestime la force des deux superpuissances et sous-estime la force des peuples est dénuée de fondement. Ce n’est pas une ou deux superpuissances, mais le tiers monde et les peuples de partout qui, restant unis et osant livrer combat et arracher la victoire, sont vraiment puissants.

Les nombreux pays et peuples du tiers monde, puisqu’ils ont su conquérir l’indépendance politique par une lutte de longue haleine, pourront sans aucun doute, sur cette base, resserrer leurs rangs, s’unir avec les pays victimes des vexations des superpuissances et avec tous les peuples du monde, y compris les peuples américain et soviétique, en vue d’amener, par une lutte soutenue, un changement radical dans les relations économiques internationales basées sur l’inégalité, la mainmise et l’exploitation, et de créer des conditions indispensables pour développer en toute indépendance l’économie nationale.

 

Monsieur le président,

La Chine est un pays socialiste et en même temps un pays en voie de développement. Elle appartient au tiers monde. Le gouvernement et le peuple chinois, indéfectiblement fidèles aux enseignements du président MAO appuient résolument la lutte menée par les nations et peuples opprimés de partout pour la conquête et la sauvegarde de l’indépendance nationale et le développement de l’économie nationale, contre le colonialisme, l’impérialisme et l’hégémonisme ; il s’agit là d’un devoir internationaliste que leur incombe.

La Chine n’est pas et ne sera jamais une superpuissance. Qu’entendons-nous par superpuissance ? Ce sont les pays impérialistes qui se livrent en tous lieux à l’agression, à l’intervention, à la mainmise, à la subversion et au pillage à l’encontre des autres pays et recherchent l’hégémonie mondiale.

Un grand pays socialiste, s’il connaît la restauration du capitalisme, deviendra inévitablement une superpuissance. La Grande Révolution culturelle prolétarienne menée en Chine au cours de ces dernières années, et le mouvement de critique de LIN Piao et de CONFUCIUS qui se développe à l’échelle nationale, ont l’un comme l’autre pour but de prévenir le retour au capitalisme et de garantir que la Chine socialiste ne changera jamais de couleur, qu’elle se tiendra pour toujours aux côtés des nations et peuples opprimés.

Si la Chine venait un jour à changer de nature et devenait une superpuissance se conduisant elle aussi en despote dans le monde et se livrant partout aux vexations, à l’agression et à l’exploitation, alors les peuples du monde seraient en droit de lui coller l’étiquette de social-impérialisme, de dénoncer ce social-impérialisme, de le stigmatiser et, de concert avec le peuple chinois, de l’abattre.

 

Monsieur le président,

L’histoire se développe dans la lutte, et le monde avance à travers les bouleversements. L’impérialisme et surtout les superpuissances, assaillis de multiples difficultés, connaissent un déclin accéléré. Les pays veulent l’indépendance, les nations veulent la libération et les peuples veulent la révolution ; c’est un courant irrésistible de l’histoire. Nous sommes convaincus que les pays et les peuples du tiers monde, en renforçant leur solidarité, en unissant à eux toutes les forces susceptibles d’être unies et en persévérant dans une lutte prolongée, seront à même d’arracher sans cesse de nouvelles victoires. »

 

Intervention de DENG Xiaoping (chef de la délégation chinoise à l’ONU) devant l’Assemblée générale de l’ONU, 10 avril 1974

Les trois défis de la CEE à l’heure des premières élections européennes (1979)

« Le Parlement européen, tel qu’il a […] travaillé depuis la création de la première Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, a joué dès l’origine un rôle important, mais aussi un rôle croissant dans la construction de l’Europe. […] La novation historique que représente l’élection du Parlement européen au suffrage universel […] se produit précisément à un moment crucial pour les peuples de la Communauté. Tous les États de celle-ci sont en effet, aujourd’hui, confrontés à trois défis majeurs, celui de la paix, celui de la liberté, celui du bien-être, et il semble bien que la dimension européenne soit seule en mesure de leur permettre de relever ces défis.
Le défi de la paix, tout d’abord. Dans un monde où l’équilibre des forces a permis, jusqu’à présent, d’éviter le cataclysme suicidaire de conflits armés entre les superpuissances, on a vu se multiplier en revanche les affrontements locaux. […] Comme celles qui l’ont précédée, notre Assemblée est dépositaire de la responsabilité fondamentale de maintenir, quelles que soient nos divergences, cette paix qui est probablement, pour tous les Européens, le bien le plus précieux. […]
Le second défi fondamental, c’est celui de la liberté. Sur la carte du monde, les frontières du totalitarisme se sont étendues si largement que les îlots de la liberté sont cernés par ces régimes où règne la force. Notre Europe est l’un de ces îlots, et il faut se réjouir qu’au groupe des pays de liberté qui la composent soient venus se joindre la Grèce, l’Espagne et le Portugal, aux vocations aussi anciennes que les nôtres. La Communauté sera heureuse de les accueillir. […]
Enfin, l’Europe est soumise au grand défi du bien-être, je veux dire à la menace que constitue, pour le niveau de vie de nos populations, le bouleversement fondamental dont la crise pétrolière a été, depuis quelques cinq ans, à la fois le détonateur et le révélateur. Après avoir connu, pendant une génération, une progression des niveaux de vie dont le rythme élevé et soutenu n’avait existé à aucune période de l’Histoire, tous les pays d’Europe sont aujourd’hui confrontés à une sorte de guerre économique qui a débouché sur le retour d’un fléau oublié, le chômage, comme sur la mise en cause de la progression des niveaux de vie. […]
Pour relever les défis auxquels l’Europe est confrontée, c’est dans trois directions qu’il nous faudra l’orienter : l’Europe de la solidarité [entre les peuples, entre les régions, entre les personnes], l’Europe de l’indépendance [dans le domaine de la monnaie et de l’énergie], l’Europe de la coopération [avec les pays en voie de développement] […].
Issu de l’élection directe, le Parlement européen sera en mesure de jouer pleinement sa fonction de contrôle démocratique. […] L’élan nouveau que représente pour la Communauté la légitimité nouvelle de cette Assemblée doit être un facteur efficace d’impulsion. […] »

 

Simone VEIL (qui vient d’être élue présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel direct), discours devant le Parlement européen, Strasbourg, 17 juillet 1979

Les défis de la puissance américaine dans les années 1980 (J. CARTER)

« Les années 1980 sont nées dans la tourmente, les conflits et les changements. Nous sommes dans une période de défis pour nos intérêts et nos valeurs, une période de test pour nos croyances et nos capacités.
En ce moment même, en Iran, cinquante Américains sont toujours retenus prisonniers, ils sont les victimes innocentes du terrorisme et de l’anarchie. En ce moment également une énorme quantité de soldats soviétiques tente d’asservir le peuple afghan pourtant intensément indépendant et profondément religieux.
Ces deux actions – l’une relevant du terrorisme international, l’autre d’une agression militaire – sont des défis pour les États-Unis mais également pour toutes les nations du Monde. Ensemble, nous devons affronter ces menaces contre la paix.
Je suis déterminé à faire en sorte que les États-Unis restent la plus puissante des nations mais notre puissance ne sera jamais utilisée pour initier une quelconque menace contre quelque nation que ce soit, ou contre les droits de quelques individus que ce soit. Nous cherchons à vivre et à rester en sécurité, nous cherchons à être une nation en paix dans un monde stable. Cependant, pour être en sécurité, nous devons accepter le Monde tel qu’il est. […]
L’Union Soviétique a franchi un nouveau pas dans l’agressivité et la radicalité. Elle utilise sa force militaire contre un peuple pratiquement sans défense. Les conséquences de l’invasion soviétique en Afghanistan pourraient bien être la plus sérieuse menace contre la paix depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. […]
La région qui est actuellement menacée par l’armée soviétique en Afghanistan est très importante sur le plan stratégique : elle recèle plus des deux tiers du pétrole mondial exportable. Les efforts soviétiques pour dominer la région ont amené ses troupes à moins de 300 miles des côtes de l’Océan Indien et à proximité du détroit d’Ormuz, la voie d’eau par laquelle transite l’essentiel du pétrole mondial. L’URSS essaie de consolider sa position stratégique et cela menace gravement la liberté de circulation du pétrole au Moyen-Orient.
La situation demande de garder la tête froide, des nerfs d’acier et un passage à l’acte déterminé, non seulement cette année mais également pour les années à venir. Cela demande des efforts collectifs pour faire face à cette nouvelle menace dans le Golfe persique et en Asie du Sud-Ouest. Cela demande la participation de tous ceux qui dépendent du pétrole du Moyen-Orient et qui sont concernés par la paix mondiale et la stabilité politique. Enfin, cela demande la consultation et l’étroite coopération avec les États de la région qui pourraient être menacés. […] Affirmons notre position de façon très claire : toute tentative par une force extérieure de contrôler la région du Golfe persique sera considérée comme une agression envers les intérêts vitaux des États-Unis d’Amérique et une telle agression sera repoussée par tous les moyens nécessaires, y compris par la force. »

 

Discours sur l’état de l’Union prononcé par le Président Jimmy CARTER le 23 janvier 1980 devant les membres du Congrès américain (source : jimmycarterlibrary.gov).

Les 4 objectifs des États-Unis au Moyen-Orient d’après G. BUSH après la guerre du Koweït et le « nouvel ordre mondial »

« La guerre est finie. C’est une victoire pour tous les pays de la coalition, pour les Nations Unies […]. C’est une victoire de la loi et du droit […]. Saddam HUSSEIN était l’agresseur, le Koweït la victime. Sont venues à l’aide de ce petit pays des nations de l’Amérique du Nord et de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et du monde arabe, tous unis face à cette agression. Notre coalition hors du commun doit travailler maintenant dans un même but : forger un avenir qui ne soit plus jamais l’otage du côté le plus sombre de la nature humaine […]. Ce soir, laissez-moi définir quatre objectifs clés.
Premièrement, nous devons travailler ensemble à mettre sur pied des accords de sécurité mutuelle dans la région. Nos amis et alliés du Proche-Orient auront la responsabilité première de la sécurité régionale. Mais qu’ils sachent que, tout comme elle les a soutenus pour repousser l’agression de l’Irak, l’Amérique est prête à travailler avec eux pour assurer la paix. […] Que nos amis et nos alliés sachent […] que l’Amérique se tient prête à assurer la paix à leurs côtés. Cela ne signifie pas le stationnement de forces américaines terrestres dans la péninsule arabique, mais la participation à des exercices conjoints, terrestres et aériens, et la présence d’une force navale conséquente dans la région, comme ce fut le cas depuis quarante ans. Que ce soit clair : nos intérêts nationaux dépendent d’un Golfe stable et sûr.
Deuxièmement, nous devons agir pour contrôler la prolifération des armes de destruction massive et les missiles utilisés pour les envoyer. Il serait tragique que les nations du Moyen-Orient et du Golfe […] s’engagent dans une nouvelle course aux armements. L’Irak
requiert une vigilance particulière. Il ne doit pas avoir accès aux instruments de guerre.
Troisièmement, nous devons travailler à créer de nouvelles occasions pour assurer la paix et la stabilité au Moyen-Orient […]. Israël et plusieurs pays arabes ont pour la première fois affronté ensemble le même agresseur. Désormais, il devrait être clair pour tous que faire la paix au Moyen-Orient demande des compromis, mais que cette paix est aussi porteuse d’avantages pour tous. […]
Quatrièmement, nous devons favoriser le développement économique pour le bien de la paix et du progrès. Le golfe Persique et le Moyen-Orient forment une région riche en ressources naturelles avec un potentiel humain riche mais inexploité. […]
En atteignant ces quatre objectifs nous pouvons bâtir un cadre pour la paix. […] A tous les défis offerts par cette région du monde, il n’y a pas de solution unique, pas de réponse de la seule Amérique. Mais nous pouvons changer les choses. L’Amérique y travaillera sans relâche […]. Maintenant, nous voyons apparaître un ordre nouveau, un monde où un nouvel ordre mondial peut être construit […]. Un monde où les Nations unies, libérées de l’impasse de la guerre froide, sont en mesure de réaliser la vision historique de leurs fondateurs. Un monde dans lequel la liberté et les Droits de l’homme sont respectés par toutes les nations. »

 

Extrait du discours de George BUSH devant le Congrès, le 6 mars 1991, à la fin de la guerre du Golfe.

NASSER se félicite de l’alliance entre l’Egypte et l’URSS (1964)

Après la crise de Suez (1956), l’Égypte s’est rapprochée de l’URSS. Avec l’Inde, elle est le pays le plus aidé par Moscou.

 

« Le début de notre inébranlable amitié fut le refus ferme et obstiné des peuples arabes de permettre sur leur sol l’existence de bases menaçant l’Union soviétique et son gouvernement. Dans ce sens, le peuple égyptien eut une attitude intransigeante, affirmant le principe du refus d’accepter la domination étrangère, avec la proclamation du non-engagement et la croyance que l’humanité pouvait disposer de ses efforts et de ses potentialités pour des actions plus utiles que la menace de destruction nucléaire et le maintien perpétuel du monde au bord de l’abîme. […] Nous avons à rappeler les moments décisifs, dont nos peuples garderont toujours le souvenir, ainsi que le rôle inoubliable qu’y a joué l’Union soviétique avec :

Premièrement, sa position aux côtés du peuple égyptien pour briser le monopole de l’armement. Les forces impérialistes avaient établi au milieu de la terre arabe une base hostile menaçant sa sécurité. Cette base hostile se changea en Israël, citadelle regorgeant d’armes. En ces temps, les peuples de la nation arabe ne trouvaient pas de moyens pour se défendre.

Deuxièmement, sa position aux côtés du peuple égyptien dans sa confrontation aux agressions des impérialistes qui voulaient envahir son ciel et ses côtes, lui arrachant son canal construit au prix de tant de sang égyptien, et le dépouiller de son droit. […]

Troisièmement, sa position aux côtés du peuple égyptien dans sa résistance au blocus économique et à la guerre psychologique qui atteignit son maximum dans la région avec l’intensification des pressions du pacte de Bagdad sur la Syrie, en 1957.

Quatrièmement, sa position aux côtés du peuple égyptien dans son effort héroïque d’édification économique de sa patrie, et son aide dans l’établissement de son industrie, dans la construction du haut barrage [d’Assouan], symbole de cette édification et symbole de la liberté. […]

Nos efforts se sont rencontrés à la fois dans la lutte contre l’impérialisme sous toutes ses formes, dans le soutien aux luttes de libération en Asie et en Amérique latine, pour le désarmement, l’élimination des bases étrangères, […] la lutte contre la discrimination raciale, la possibilité de la coexistence pacifique entre les peuples. […]

Les peuples indépendants découvrent quotidiennement le néo-colonialisme. L’indépendance politique ne peut se faire sans indépendance économique et sans efforts consacrés au développement. »

Discours de Gamal Abdel NASSER prononcé à Alexandrie en présence de Nikita KHROUCHTCHEV, 9 mai 1964, cité par Henry LAURENS, « L’URSS et l’Egypte de NASSER à SADATE » in Dominique CHEVALLIER (dir.), Renouvellement du monde arabe, Paris, 1987, p. 52-53.

F. MITTERRAND affirme son attachement au projet européen (1984)

« Lorsque, en mai 1948, trois ans exactement après la fin de la guerre, l’idée européenne a pris forme, c’était au Congrès de La Haye. J’y étais, et j’y croyais. Lorsque, en 1950, Robert SCHUMAN a lancé le projet de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, j’y adhérais et j’y croyais. Lorsque, en 1956, le vaste chantier du Marché commun s’est ouvert, avec la participation très active du gouvernement français de l’époque, j’y étais et j’y croyais. Et aujourd’hui, alors qu’il nous faut sortir l’Europe des Dix de ses querelles et la conduire résolument sur les chemins de l’avenir, je puis le dire encore, j’en suis et j’y crois. […]

On peut dire aujourd’hui que la Communauté a atteint ses premiers objectifs hérités de la guerre. Au départ, il fallait réconcilier, rassembler, atteler à une œuvre commune des peuples déchirés par la force et le sang. C’est fait. Maintenant, l’alternative est : ou bien de laisser à d’autres, sur notre continent, hors de notre continent, le soin de décider du sort de tous, et donc du nôtre, ou bien de réunir la somme des talents et des capacités […] qui ont fait de l’Europe une civilisation pour, selon un mot que j’aime de Walt WHITMAN [poète et humaniste américain du XIXe siècle], « qu’elle devienne enfin ce qu’elle est ». […]

Quoiqu’il en soit, la Communauté vit et travaille. […] Elle a, en particulier, engagé sans retour le processus d’adhésion de l’Espagne et du Portugal. N’allons-nous pas aggraver les tensions, réduire la cohésion de l’actuelle Communauté, ou bien est-il concevable que les conditions de l’intégration économique puissent d’ici longtemps être remplies ?
II est des attitudes commodes. Dire oui a priori à l’élargissement, par souci de plaire aux pays candidats, sans en tirer les conséquences pratiques ; ou dire non, quoi qu’il arrive, en refusant tout examen. Refusons ces facilités. […]
L’Europe […] qui possède plus des deux tiers des régimes libres du monde, serait-elle incapable de consolider ses institutions et d’agir d’un même mouvement, là où il le faut, force de paix et d’équilibre entre les plus puissants, force de justice et de progrès entre le Nord et le Sud ? Non, je ne le crois pas. »

 

Extraits de l’allocution de François MITTERRAND, Président de la République française, à
Strasbourg, au Parlement européen, le 24 mai 1984 (discours en intégralité sur le site vie-publique.fr).

« L’Amérique est de retour » (discours de B. OBAMA, 2012)

« Nous nous réunissons ce soir bien conscients que cette génération de héros a fait des États-Unis un pays plus sûr et plus respecté à travers le monde. Pour la première fois en neuf ans, il n’y a pas d’Américains qui combattent en Irak. Pour la première fois en deux décennies, Oussama BEN LADEN n’est plus une menace pour ce pays. La plupart des hauts responsables d’al-Qaïda ont été vaincus. L’élan des talibans a été brisé, et une partie de nos soldats déployés en Afghanistan commencent à rentrer aux États-Unis. […]

En outre, nous facilitons la tâche aux entreprises pour qu’elles puissent vendre leurs produits dans le monde entier. […] Il n’y a pas un endroit au monde que je négligerai pour ouvrir de nouveaux marchés pour les produits américains. Et je ne resterai pas les bas croisés quand nos concurrents ne respectent pas les règles du jeu. Nous avons déposé des plaintes contre la Chine à un rythme près de deux fois supérieur à celui du gouvernement précédent – et cet effort a porté ses fruits. Plus d’un millier d’Américains ont un emploi aujourd’hui parce que nous avons stoppé une flambée d’importations de pneus chinois. Mais nous devons faire plus encore. Il n’est pas normal qu’un pays laisse pirater nos films, notre musique, nos logiciels. Il n’est pas juste que des industriels étrangers aient l’avantage sur nous uniquement parce qu’ils sont lourdement subventionnés. […]

En mettant fin à la guerre en Irak, nous avons pu infliger des coups décisifs à nos ennemis. Du Pakistan au Yémen, les agents d’al-Qaïda qui demeurent sont en fuite, et ils savent qu’ils ne peuvent pas se soustraire aux États-Unis d’Amérique.

Grâce à cette position de force, nous avons commencé à mener la guerre en Afghanistan à sa fin. Dix milliers de nos soldats sont revenus au pays. Vingt-trois mille de plus seront rapatriés d’ici la fin de l’été. La passation de la responsabilité aux Afghans se poursuivra et nous forgerons un partenariat durable avec l’Afghanistan pour que ce pays ne soit plus jamais une source d’attaques contre l’Amérique.

Au moment où le flux de la guerre se retire, une vague de changement déferle sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, de Tunis au Caire, de Sanaa à Tripoli. Il y a un an, KADHAFI était l’un des dictateurs les plus anciens de la planète – un assassin avec du sang d’Américains sur les mains. Aujourd’hui, il n’est plus. Et en Syrie, il ne fait pour moi pas de doute que le régime d’ASSAD découvrira bientôt que la force du changement est irrésistible et qu’on ne peut écraser la dignité des gens.

Nous ne savons pas exactement comment s’achèvera cette transformation extraordinaire. Mais nous sommes intéressés au premier chef par son issue. Et bien qu’il revienne au bout du compte aux peuples de la région de décider de leur destin, nous encouragerons les valeurs qui ont été si avantageuses à notre pays. Nous nous dresserons contre la violence et l’intimidation. Nous défendrons les droits et la dignité de toutes les personnes humaines – hommes et femmes ; chrétiens, musulmans et juifs. Nous soutiendrons les politiques qui favorisent l’émergence de démocraties solides et stables et de marchés ouverts, car la tyrannie ne fait pas le poids face à la liberté.

En outre, nous protégerons la sécurité des États-Unis contre ceux qui menacent nos citoyens, nos amis et nos intérêts. Regardez l’Iran. Grâce à la force de notre diplomatie, un monde naguère divisé sur la façon de gérer le dossier nucléaire iranien ne fait maintenant plus qu’un. Le régime est plus isolé que jamais ; ses dirigeants font face à des sanctions paralysantes, et tant qu’ils se déroberont à leurs responsabilités, cette pression ne fléchira pas. Qu’il n’y ait aucun doute à ce sujet : les États-Unis sont déterminés à empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, et je garde toutes les options sur la table pour atteindre cet objectif. Mais une résolution pacifique de cette question reste possible, cette option étant nettement la meilleure, et si l’Iran change de direction et s’acquitte de ses obligations, il pourra rejoindre la communauté des nations.

Le renouvellement du leadership américain se fait sentir sur toute la planète. Nos plus anciennes alliances en Europe et en Asie sont plus fortes que jamais. Nos liens avec les Amériques sont plus profonds. Notre attachement absolu – et je dis bien absolu – à la sécurité d’Israël se traduit par la coopération militaire la plus étroite de l’histoire entre nos deux pays. Nous avons fait clairement comprendre que les États-Unis sont une puissance dans le Pacifique […]. Des coalitions que nous avons forgées pour sécuriser le matériel nucléaire aux missions que nous avons menées contre la faim et la maladie, des coups que nous avons assenés à nos ennemis à la force immuable de notre exemple moral, l’Amérique est de retour.

Quiconque vous dirait autrement, quiconque vous dirait que les États-Unis sont en déclin ou que notre influence s’est érodée, ne sait pas de quoi il parle. Ce n’est pas le message que nous entendons de la part de dirigeants du monde entier, qui sont tous impatients de collaborer avec nous. Ce n’est pas le sentiment des gens de Tokyo à Berlin ou du Cap à Rio, où l’opinion que l’on a des États-Unis n’a jamais été aussi bonne depuis de nombreuses années. Oui, le monde est en train de changer ; non, nous ne pouvons pas contrôler chaque événement. Mais l’Amérique reste la nation qui est indispensable aux affaires mondiales – et tant que je serai président, j’ai l’intention qu’il en soit toujours ainsi. […]

Chaque fois que je regarde ce drapeau, il me rappelle que les fils de notre destin sont cousus ensemble comme ses cinquante étoiles et ses treize bandes. Cette Nation est grande car nous l’avons bâtie ensemble. Cette Nation est grande car nous travaillons en équipe. Cette Nation est grande car nous nous défendons les uns les autres. Et si nous restons fidèles à cette vérité, en ce moment d’épreuve, il ne saurait y avoir de défi trop grand ou de mission trop difficile. Tant que nous sommes unis dans un but commun, tant que nous maintenons notre détermination commune, nous allons de l’avant, notre avenir est plein d’espoir et l’état de notre Union sera toujours solide.

Je vous remercie, que Dieu vous bénisse, et que Dieu bénisse les États-Unis d’Amérique. »

 

Discours du président Barack OBAMA sur l’état de l’Union prononcé devant le Congrès (Chambre des représentants et Sénat) réuni au Capitole (Washington) le 24 janvier 2012 à Washington.

DENG Xiaoping et la réforme économique de la Chine (1982)

« La réforme dans les régions rurales a porté ses fruits au bout de trois ans ; celle dans les villes demandera au moins trois à cinq années avant de donner des résultats tangibles. L’expérience acquise dans les campagnes nous permet de penser que la réforme dans les villes pourra aussi aboutir. Sa complexité rend inévitable que des erreurs se produisent, mais cela n’affectera pas la situation générale. Nous avancerons avec prudence et tout phénomène défectueux sera promptement rectifié […]. Nous avons la conviction que notre réforme dans les villes sera également un succès. La troisième session plénière du Comité central issu du XIIe congrès du Parti s’inscrira comme un évènement très important. […] Les zones économiques spéciales sont comme des fenêtres ouvertes sur le monde ; elles permettent de faire entrer chez nous les techniques, les modes de gestion et les connaissances d’autres pays, et aussi de faire connaître notre politique extérieure. Par le biais de ces zones, nous pouvons introduire des technologies, acquérir des connaissances et assimiler de nouvelles méthodes de gestion, la gestion étant aussi une forme du savoir. Certains des projets mis en œuvre peuvent n’être pas très rentables pour le moment, mais à envisager les choses à long terme, ils sont avantageux et fructueux. »

 

DENG Xiaoping, Les questions fondamentales de la Chine aujourd’hui, 1982.

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