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Discours de DE GAULLE sur l’autodétermination (septembre 1959)

« Grâce au progrès de la pacification, au progrès démocratique, au progrès social, on peut maintenant discerner le moment où les femmes et les hommes qui habitent l’Algérie seront en mesure de décider de leur destin une fois pour toutes, librement, en connaissance de cause. Compte tenu de toutes les données, algériennes, nationales, internationales du problème, je considère comme nécessaire que ce recours à l’autodétermination soit proclamé aujourd’hui. Je poserai la question aux Algériens, en tant qu’ils sont des individus. Car, depuis que le monde est le monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni à plus forte raison de souveraineté algérienne : Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes de Syrie, Arabes de Cordoue, Turcs, Français ont tour à tour pénétré le pays sans qu’à aucun moment et d’aucune façon il y ait eu un Etat algérien. Quant à la date du vote, je la fixerai le moment venu, mais au plus tard 4 années après la paix revenue : j’entends par là une situation telle qu’embuscades et attentats ne coûteront pas la vie de plus de 200 personnes en un an. Ce critérium permettra de commencer la période où tout devrait être remis en place, où les libertés publiques et individuelles seront rétablies, où la vie normale reprendra, où les prisons et les camps seront vidés, où les exilés pourront rentrer et où la population sera en mesure de prendre conscience de l’enjeu. Je déclare d’avance que j’invite à cette consultation, à assister à cet aboutissement décisif, j’invite les informateurs du monde entier et je leur garantis qu’ils pourront faire leur office sans entrave. Mais, ce destin politique que les Algériennes et les Algériens auront à choisir dans la paix, quel peut-il être ? Comme il est de l’intérêt de tout le monde et comme il est de l’intérêt de la France que la question soit tranchée sans aucune ambiguïté, nous regardons les choses comme elles sont. En fait de destin politique, chacun sait qu’on peut en imaginer trois. Eh bien, les trois solutions concevables seront l’objet de la consultation. Ou bien la sécession où certains croient trouver l’indépendance. Alors la France quitterait les Algériens qui auraient manifesté la volonté de se séparer d’elle ; ils organiseraient sans elle le territoire où ils habitent, les ressources dont ils peuvent disposer, le gouvernement qu’ils souhaitent. Pour ma part, je considère qu’un tel aboutissement serait invraisemblable et désastreux. L’Algérie étant actuellement ce qu’elle est, et le monde ce que nous savons, la conséquence de la sécession serait une misère épouvantable, un affreux chaos politique, un égorgement généralisé et bientôt la dictature belliqueuse des communistes. Mais il faut que le démon soit exorcisé et qu’il le soit par les Algériens. Car, si par un extraordinaire malheur il devait arriver que telle fut leur volonté, la France cesserait à coup sûr de consacrer tant de valeurs et tant de milliards à une cause sans espérance. Dans cette triste hypothèse, il va de soi que ceux des Algériens de toute origine qui voudraient rester Français le resteraient ; que la France réaliserait, si c’était nécessaire, leur regroupement et leur établissement ; et que toute disposition serait prise pour que l’exploitation, l’acheminement, l’embarquement du pétrole saharien, qui sont l’oeuvre de la France et qui intéressent tout l’Occident, soient assurés, quoiqu’il arrive. Ou bien la francisation complète, telle qu’elle est d’ailleurs impliquée dans l’égalité des droits. Les Algériens pouvant accéder à toutes les fonctions politiques, administratives, judiciaires, entrer dans tous les services publics, bénéficiant en fait de traitement, de salaire, d’assurance sociale, d’instruction, de formation professionnelle, de toutes les dispositions prévues pour la Métropole ; résidant et travaillant où bon leur semble, sur toute l’étendue du territoire de la République ; bref, vivant en moyenne sur le même pied, au même niveau que les autres citoyens et faisant partie intégrante du peuple français qui dès lors s’étendrait effectivement depuis Dunkerque jusqu’à Tamanrasset. Ou bien, le gouvernement des Algériens par les Algériens, appuyé sur l’aide de la France et en union étroite avec elle pour l’économie, l’enseignement, la défense, les relations extérieures. Dans ce cas il faudrait que le régime intérieur de l’Algérie fut du type fédéral pour que les communautés diverses : Française, Arabe, Kabyle, Mozabite, etc., qui cohabitent dans le pays y trouvent des garanties de leur vie propre et un cadre pour leur coopération. »

Discours de DE GAULLE (alors président de la République) sur l’autodétermination du 16 septembre 1959

La « Toussaint rouge » évaluée par F. MITTERRAND (1954)

« Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, des attaques à main armée, des attentats  à  la  bombe,  des  sabotages  de  lignes  et  de  voies  de  communication,  des incendies enfin ont eu lieu sur l’ensemble du territoire algérien, de Constantine à Alger et d’Alger à Oran.

Dans le département de Constantine, vous le savez, se produisirent les  événements  les  plus  graves.  Là,  cinq  personnes  furent  tuées :  un  officier,  deux soldats  qui remplissaient  leur  devoir,  un  caïd  et  un  instituteur  […]  De  jeunes instituteurs  sont  venus  accomplir – et  c’était  le  premier  jour-la  tâche  qu’ils  avaient choisie. Et voilà qu’ils sont frappés. Sauront-ils pourquoi ? Sans doute non, les choses sont  vite faites.  Assassinés,  ils  ont  quand  même  le  temps  d’apercevoir  le  frère musulman qui tente de les défendre et qui meurt le premier […]

Voilà donc qu’un peu partout, d’un seul coup, se répand le bruit que l’Algérie est à feu et à sang. De même que le Maroc et la Tunisie ont connu ce phénomène du terrorisme individuel dans les villes et dans les campagnes, faut-il que l’Algérie ferme la boucle de cette ceinture du monde  en  révolte  depuis  quinze  ans  contre  les  nations  qui  prétendaient  les  tenir  en tutelle ?

Eh  bien  !  non,  cela  ne  sera  pas,  parce  qu’il  se  trouve  que  l’Algérie,  c’est  la France, parce qu’il se trouve que les départements de l’Algérie sont des départements de la République française. Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a quelque différence dans  l’application  de  nos  lois,  partout  la  loi  s’impose  et  cette  loi  est  la  loi  française  ; c’est celle que vous votez parce qu’il n’y a qu’un seul Parlement et qu’une seule nation dans les territoires d’outre-mer comme dans les départements d’Algérie comme dans la métropole. »

 

Discours à l’Assemblée nationale du ministre de l’Intérieur François MITTERRAND le 12 novembre 1954

Le général DE GAULLE s’adresse au Parlement après les accords d’Evian (mars 1962)

« Mesdames, Messieurs les députés,

La  politique  poursuivie  par  la  République  depuis  tantôt  quatre  années  au  sujet  de l’Algérie  a  été,  à mesure  de  son  développement,  approuvée  par  le  Parlement,  soit explicitement,  soit  du  fait  de  la  confiance  qu’il  n’a  cessé  d’accorder  au  gouvernement responsable.  Le  référendum  du  8  janvier  1961  a  démontré,  quant  à  la  direction  ainsi tracée, l’accord massif et solennel du pays.

Mais,   voici   que   la   proclamation   du   cessez-le-feu,   les   mesures   fixées   pour l’autodétermination  des populations,  les  conditions  adoptées  quant  à  la  coopération  de l’Algérie et de la France […] dans le cas où l’autodétermination instituerait un État algérien indépendant, marquent une étape décisive de cette politique. L’ensemble des dispositions arrêtées  en  conclusion  des  négociations  d’Evian  avec  les  représentants  du  FLN et  des consultations   menées   auprès   d’autres   éléments   représentatifs   algériens   se   trouve maintenant formulé dans les déclarations gouvernementales du 19 mars 1962.

Nul  ne  peut  se  méprendre  sur  la  vaste  portée  de  cet  aboutissement  en  ce  qui concerne,  tant  la  vie  nationale  de  la  France,  que  son  œuvre  africaine  et  son  action internationale.  Nul  ne  peut,  non  plus,  méconnaître  les  difficultés  d’application  qui  en résultent  aujourd’hui  et  risquent  d’en  résulter  demain,  non  seulement  quant  à  la  situation d’un grand nombre de personnes et de beaucoup de choses, mais aussi dans le domaine de  l’ordre  public  et  de  la  sûreté  de  l’État.  Il  m’apparaît  donc  comme  nécessaire  que  la nation  elle-même  sanctionne  une  aussi  vaste  et  profonde  transformation  et  confère  au chef de l’État et au Gouvernement les moyens de résoudre, dans les moindres délais des problèmes qui seront posés à mesure de l’application.

C’est  pourquoi,  en  vertu  de  l’article  11  de  la  Constitution  j’ai  décidé,  sur  la proposition  du  Gouvernement,  de  soumettre  au  référendum  un  projet  de  loi  comportant l’approbation   des   déclarations   gouvernementales   du   19   mars   1962   ;   autorisant   le Président  de  la  République  à  conclure  les  actes  qui  seront  à  établir  au  sujet  de  la coopération  de  la  France  et  de  l’Algérie  si l’autodétermination  institue  un  État  algérien indépendant et enfin et jusqu’à ce que soient, dans cette éventualité, créés en Algérie des pouvoirs  publics  algériens,  attribuant  au  Président  de  la  République  le  pouvoir  d’arrêter, par ordonnances ou par décrets pris en conseil des ministres, toutes mesures relatives à l’application de ces mêmes déclarations.

Au moment où  semblent  s’achever  enfin  les  combats  qui  se  déroulent depuis  plus de sept ans et où s’ouvre à la France nouvelle et à l’Algérie nouvelle, la perspective d’une féconde  et  généreuse  coopération,  je  suis  sûr,  mesdames,  messieurs  les  députés,  que vous voudrez vous joindre à moi pour élever le témoignage de notre confiance et de notre espérance vers la patrie et vers la République. »

 

Extraits  du  message  du  général DE GAULLE  au  Parlement lu  en  session extraordinaire de l’Assemblée nationale, le 20 mars 1962. Journal  officiel  de  la  République française,  débats  parlementaires,  21  mars 1962

Les trois voies pour sortir du « problème » algérien selon DE GAULLE (1959)

« Notre redressement se poursuit. […] L’unité nationale est ressoudée. La République dispose d’institutions solides et stables. […]

Pourtant devant la France un problème difficile et sanglant reste posé : celui de l’Algérie. Il nous faut le résoudre ! Nous ne le ferons certainement pas en nous jetant les uns aux autres à la face les slogans stériles et simplistes […]. Nous le ferons comme une grande nation et par la seule voie qui vaille, je veux dire par le libre choix que les Algériens  eux – mêmes voudront faire de leur avenir.

A vrai dire beaucoup a été fait déjà pour préparer cette issue. Par la pacification, d’abord. Car rien ne peut être réglé tant qu’on tire et qu’on égorge. A cet égard je ne dis pas que nous en soyons au terme. […] Notre armée accomplit sa mission courageusement et habilement, en combattant l’adversaire et en entretenant avec la population des contacts larges et profonds qui n’avaient jamais été pris. Que nos soldats, en particulier les 120 000 qui sont musulmans, aient fléchi devant leur devoir, ou bien que la masse Algérienne se soit tournée contre la France, alors c’était le désastre ! Mais comme il n’en a rien été le succès de l’ordre public […] se trouve désormais bien en vue.

La deuxième condition du règlement est que tous les Algériens aient le moyen de s’exprimer par le suffrage vraiment universel. Jusqu’à l’année dernière ils ne l’avaient jamais eu. Ils l’ont à présent grâce à l’égalité des droits, au collège unique, au fait que les communautés les plus nombreuses, celles des musulmans, sont assurées d’obtenir dans tous les scrutins la grande majorité des élus. […] Le 28 septembre dernier les Algériens  ont, par référendum, adopté la Constitution et marqué leur intention que leur avenir se fasse avec la France. Le 30 novembre, ils ont élu leurs députés ; le 19 avril, leurs conseils municipaux ; le 31 mai, leurs sénateurs. […] En tout cas la voie est ouverte. […]

Car résoudre la question Algérienne, […] c’est surtout, traiter un problème humain. […] 8 000 hectares de bonnes terres sont en voie d’attribution à des cultivateurs musulmans. […] Dans six semaines le pétrole d’Hassi-Messaoud arrivera sur la côte, à Bougie. Dans un an, celui d’Edjelé atteindra le golfe de Gabès. En 1960, le gaz d’Hassi-R’Mel commencera d’être distribué à Alger et à Oran, en attendant de l’être à Bône. Que la France veuille et qu’elle puisse poursuivre avec les Algériens  la tâche qu’elle a entreprise et dont elle seule est capable, l’Algérie sera dans quinze ans un pays prospère et productif.

Grâce au progrès de la pacification, au progrès démocratique, au progrès social, on peut maintenant envisager le jour où les hommes et les femmes qui habitent l’Algérie seront en mesure de décider de leur destin, une fois pour toutes, librement, en connaissance de cause. […]

Mais le destin politique, qu’Algériennes et Algériens auront à choisir dans la paix, quel peut-il être ? […] Les trois solutions concevables feront l’objet de la consultation. Ou bien : la sécession, où certains croient trouver l’indépendance. La France quitterait alors les Algériens qui exprimeraient la volonté de se séparer d’elle […]. Ou bien la francisation complète, telle qu’elle est impliquée dans l’égalité des droits ; les Algériens pouvant accéder à toutes les fonctions politiques, […] et devenant partie intégrante du peuple français, qui s’étendrait dès lors, effectivement, de Dunkerque à Tamanrasset. Ou bien : le gouvernement des Algériens par les Algériens, appuyé sur l’aide de la France et en union étroite avec elle, pour l’économie, l’enseignement, la défense, les relations extérieures […].

Le sort des Algériens appartient aux Algériens, non point comme le leur imposeraient le couteau et la mitraillette, mais suivant la volonté qu’ils exprimeront légitimement par le suffrage universel. »

 

Charles DE GAULLE (président de la République), allocution radio-télévisée prononcée au palais de l’Elysée le 16 septembre 1959

Discours de Simone VEIL sur l’avortement (26 novembre 1974)

« Monsieur le président, mesdames, messieurs,

Si j’interviens aujourd’hui à cette tribune, ministre de la Santé, femme et non parlementaire, pour proposer aux élus de la nation une profonde modification de la législation sur l’avortement, croyez bien que c’est avec un profond sentiment d’humilité devant la difficulté du problème, comme devant l’ampleur des résonances qu’il suscite au plus intime de chacun des Français et des Françaises, et en pleine conscience de la gravité des responsabilités que nous allons assumer ensemble. […]
Pourtant, d’aucuns s’interrogent encore : une nouvelle loi est-elle vraiment nécessaire ? Pour quelques-uns, les choses sont simples : il existe une loi répressive, il n’y a qu’à l’appliquer. D’autres se demandent pourquoi le Parlement devrait trancher maintenant ces problèmes : nul n’ignore que depuis l’origine, et particulièrement depuis le début du siècle, la loi a toujours été rigoureuse, mais qu’elle n’a été que peu appliquée. […]

Pourquoi ne pas faire respecter la loi ?

Parce que si des médecins, si des personnels sociaux, si même un certain nombre de citoyens participent à ces actions illégales, c’est bien qu’ils s’y sentent contraints ; en opposition parfois avec leurs convictions personnelles, ils se trouvent confrontés à des situations de fait qu’ils ne peuvent méconnaître. Parce qu’en face d’une femme décidée à interrompre sa grossesse, ils savent qu’en refusant leur conseil et leur soutien ils la rejettent dans la solitude et l’angoisse d’un acte perpétré dans les pires conditions, qui risque de la laisser mutilée à jamais. Ils savent que la même femme, si elle a de l’argent, si elle sait s’informer, se rendra dans un pays voisin ou même en France dans certaines cliniques et pourra, sans encourir aucun risque ni aucune pénalité, mettre fin à sa grossesse. Et ces femmes, ce ne sont pas nécessairement les plus immorales ou les plus inconscientes. Elles sont 300.000 chaque année. Ce sont celles que nous côtoyons chaque jour et dont nous ignorons la plupart du temps la détresse et les drames.

C’est à ce désordre qu’il faut mettre fin. C’est cette injustice qu’il convient de faire cesser. »

 

Discours de Simone VEIL, ministre de la Santé, à l’Assemblée nationale le 26 novembre 1974 (discours en intégralité)

 

DE GAULLE justifie la présidentialisation et le renforcement du rôle de l’État

« En décidant que le chef de l’État sera élu au suffrage universel […] ; en approuvant après quatre ans d’expérience, la façon dont sont exercées les attributions du Président de la République ; en consacrant le principe et les conditions d’emploi du référendum ; tout le monde pense que notre pays a tranché les controverses qui s’étaient présentées en ce qui concerne le caractère, le sens, la portée de la réforme constitutionnelle que nous avons accomplie.
Ce qui saute aux yeux dans cette réforme constitutionnelle, c’est, me semble-t-il, qu’elle a réussi parce qu’avant tout, elle correspond à une nécessité vraiment absolue des temps modernes. Il est banal de constater que l’évolution actuelle rend toujours, et de plus en plus essentiel le rôle de l’État. Et il n’y a pas d’activité nationale qui dès à présent puisse s’exercer sans son consentement. Souvent, sans son intervention. Et parfois sans sa direction. Tout et même le sort de chacun est donc lié plus ou moins directement à l’action des pouvoirs publics, laquelle se traduit par une orientation nationale, par des règlements et par des lois.
À cette action-là comme à toute action, il faut une tête et comme cette tête est une personne, […] il convient que cette personne reçoive l’expression personnelle de la confiance de tous les intéressés. Mais il faut en tenir compte aussi, de ce fait écrasant, que dans la situation politique et stratégique où se trouve le monde, il y a des pays, en particulier le nôtre, qui sont tout le temps, on peut le dire, en danger de mort subite. […]
Je crois que ce sont ces conditions qui ont exclu dorénavant notre ancien système, assez instable, assez incertain, assez inconstant qu’on appelle le système des partis. »

 

Extraits de la conférence de presse donnée par le président Charles DE GAULLE le 14 janvier 1963

Les grandes sources de tension au Moyen-Orient selon B. OBAMA (2009)

« Dans un passé relativement récent, les tensions ont été nourries par le colonialisme qui a privé beaucoup de musulmans de droits et de chances de réussir, ainsi que par une guerre froide qui s’est trop souvent déroulée par acteurs interposés, dans des pays à majorité musulmane et au mépris de leurs propres aspirations. En outre, les mutations de grande envergure qui sont nées de la modernité et de la mondialisation ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l’Occident un élément hostile aux traditions de l’islam. […]
Permettez-moi de m’exprimer aussi clairement et aussi simplement que possible sur certaines questions précises auxquelles nous devons maintenant faire face ensemble.
La première est celle de l’extrémisme violent sous toutes ses formes. À Ankara, j’ai fait clairement savoir que l’Amérique n’est pas – et ne sera jamais – en guerre contre l’islam. (Applaudissements) […] Voilà maintenant plus de sept ans, forts d’un large appui de la communauté internationale, les Etats-Unis ont donné la chasse à Al Qaïda et aux talibans. Nous avons agi de la sorte non par choix, mais par nécessité. […]
Je voudrais aussi aborder le dossier de l’Irak. Contrairement à la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak est le résultat d’un choix, lequel a provoqué des désaccords marqués dans mon pays et à travers le monde. Tout en étant convaincu que le peuple irakien a gagné au bout du compte à être libéré de la tyrannie de Saddam Hussein, je crois aussi que les événements en Irak ont rappelé à l’Amérique la nécessité de recourir à la diplomatie et de construire un consensus international pour résoudre ses problèmes à chaque fois que c’est possible. […]
La deuxième grande source de tension que nous devons aborder concerne la situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe. […] Depuis des dizaines d’années, une impasse persiste : deux peuples aux aspirations légitimes, chacun marqué par un passé douloureux qui rend un compromis insaisissable. Il est aisé de pointer un doigt accusateur : les Palestiniens peuvent attirer l’attention sur la dislocation consécutive à la fondation d’Israël, et les Israéliens peuvent dénoncer l’hostilité et les attaques dont le pays a de tout temps fait l’objet à l’intérieur même de ses frontières et par-delà. Mais si nous examinons ce conflit à travers le prisme de l’une ou l’autre partie, nos œillères nous cacheront la vérité : la seule solution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux Etats, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité. […]
La troisième source de tension est nos intérêts en commun à l’égard des droits et des responsabilités des Etats concernant les armes nucléaires. Cette question a constitué une source de tension entre les Etats-Unis et la République islamique d’Iran. Pendant de nombreuses années, l’Iran s’est défini en partie par son opposition à mon pays et il existe en effet un passé tumultueux entre nos deux pays. […] Chaque pays, y compris l’Iran, devrait avoir le droit d’avoir accès à l’énergie nucléaire pacifique s’il respecte ses engagements dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire. »

 

Discours du président américain Barack OBAMA au Caire (Egypte) le 4 juin 2009 (discours en intégralité)

Vers un « Etat tentaculaire et inefficace » ? (J. CHABAN-DELMAS, 1969)

« Tentaculaire et en même temps inefficace : voilà, nous le savons tous, ce qu’est en passe de devenir l’État, et cela en dépit de l’existence d’un corps de fonctionnaires, très généralement compétents et parfois remarquables.
Tentaculaire, car, par l’extension indéfinie de ses responsabilités, il a peu à peu mis en tutelle la société française tout entière.
Cette évolution ne se serait point produite si, dans ses profondeurs, notre société ne l’avait réclamée. Or c’est bien ce qui s’est passé. Le renouveau de la France après la Libération, s’il a mobilisé les énergies, a aussi consolidé une vieille tradition colbertiste et jacobine, faisant de l’État une nouvelle providence. Il n’est presque aucune profession, il n’est aucune catégorie sociale qui n’ait, depuis vingt-cinq ans, réclamé ou exigé de lui protection, subventions, détaxation ou réglementation. Mais, si l’État ainsi sollicité a constamment étendu son emprise, son efficacité ne s’est pas accrue car souvent les modalités de ses interventions ne lui permettent pas d’atteindre ses buts. »

 

Discours du Premier ministre Jacques CHABAN-DELMAS à l’Assemblée nationale, 16 septembre 1969 (discours dit de « la nouvelle société » en intégralité)

« L’Amérique doit continuer à diriger le monde » (Bill CLINTON, 1993)

« Aujourd’hui, une génération née dans l’ombre de la Guerre froide assume de nouvelles responsabilités, dans un monde réchauffé par le soleil de la liberté, mais menacé encore par de vieilles haines et par de vieux fléaux. Élevés dans une prospérité sans rivale, nous héritons d’une économie qui est toujours la plus puissante du monde […]
Aujourd’hui, alors qu’un ordre ancien disparaît, le nouveau monde est plus libre, mais moins stable. La chute du communisme a réveillé de vieilles animosités et engendré de nouveaux dangers. C’est clair, l’Amérique doit continuer à diriger ce monde que nous avons tant contribué à bâtir. […] Quand nos intérêts vitaux sont menacés, ou que la volonté et la conscience de la communauté internationale sont défiées, nous devons intervenir, par la diplomatie pacifique tant que c’est possible, par la force si nécessaire. […] Mais notre plus grande force, c’est le pouvoir de nos idées, qui sont encore nouvelles dans de nombreux pays. […] Nos espoirs, nos cœurs, nos mains sont avec ceux qui sur chaque continent construisent la démocratie et la liberté. Leur cause est la cause de l’Amérique. »

 

Discours d’investiture de Bill CLINTON (président des États-Unis de 1993 à 2001) prononcé le 20 janvier 1993

Maastricht, une « nouvelle étape » dans la construction européenne

« À Maastricht, aujourd’hui, s’accomplit une nouvelle étape pour l’Europe que nous bâtissons dans la solidarité. Le Traité qui va être signé constitue un pas décisif sur le chemin de l’union européenne, objectif ambitieux, d’un processus sans précédent dans l’Histoire de notre temps. D’aucuns diront que nous nous sommes arrêtés en-deçà de ce qui était souhaitable ; d’autres estimeront que nous sommes allés trop loin. Tout compte fait, je suis convaincu que le Traité qui recueille aujourd’hui notre adhésion correspond à un sage équilibre entre l’ambition et la prudence, l’idéalisme et le pragmatisme, la solidarité et la subsidiarité. C’est un résultat qui répond à la réalité d’aujourd’hui et se projette dans l’avenir. Ce n’est pas une étape finale ; c’est, bien plus, le début d’un nouveau cycle. […]
La chute des régimes communistes de l’Europe de l’Est, la désintégration de l’Union soviétique et la reconnaissance quasi-universelle de la primauté des valeurs démocratiques et de l’économie de marché ont profondément altéré les équilibres géostratégiques en fonction desquels le monde s’était organisé au cours de ces dernières décennies. Dans ce contexte, l’Europe communautaire est confrontée à des responsabilités croissantes qu’elle ne peut ni ne doit éluder. […]
La création d’une politique extérieure et de sécurité commune, dont les axes principaux devront déjà être définis au Sommet de juin à Lisbonne, et la formulation d’une politique de défense commune constituent des développements politiques de l’intégration européenne qui permettront à la Communauté d’assumer d’une façon cohérente et explicite la défense de ses intérêts fondamentaux et d’intervenir de manière croissante sur la scène internationale, d’une seule voix, et avec plus de force. Par ailleurs, les progrès de l’intégration économique et monétaire constituent le corollaire obligé des efforts de construction européenne en plus de trois décennies, et devraient apporter à la vie.de la Communauté un nouveau dynamisme.
L’élargissement des compétences communautaires constitue un facteur de mobilisation des Européens pour la construction de l’Union européenne. D’une part, c’est la dimension humaine de la construction européenne qui s’en trouve renforcée, par la création du concept de citoyenneté et par les actions et les initiatives engagées dans des domaines aussi divers que ceux de l’éducation, de la culture et de la santé. D’autre part, la capacité d’action commune, dans des secteurs fondamentaux de l’intégration économique tels que l’industrie et les réseaux transeuropéens, s’en trouve étendue.
L’édifice institutionnel a subi des adaptations importantes. La légitimité démocratique du processus de décision en est sortie consolidée, grâce à l’attention indispensable que l’on a vouée à l’efficacité du système. Le Parlement européen voit son pouvoir d’intervention dans le processus de décision renforcé, ce qui lui permettra une action politique plus visible, en tant qu’institution représentant les peuples d’Europe. La Cour des Comptes est élevée au rang d’institution. Il est créé un Comité des Régions. On constitue le rôle du Médiateur. L’architecture institutionnelle se consolide en harmonie avec les exigences croissantes du processus d’intégration.
Il est naturel que la vitalité grandissante du projet communautaire ait suscité dans d’autres pays d’Europe le désir de s’y associer. Les candidatures à de nouvelles adhésions sont, finalement, la preuve manifeste de la réussite sans équivoque de la Communauté européenne.
La création du grand Espace économique européen et les accords, déjà conclus ou en cours de négociation, avec les pays d’Europe centrale et orientale montrent déjà que la Communauté n’est pas une réalité fermée sur elle-même, mais qu’elle a au contraire pleinement conscience de partager avec les autres peuples européens une destinée commune. »

 

Discours d’Aníbal CAVACO SILVA (Premier ministre du Portugal et président en exercice du Conseil des ministres des Communautés européennes) à l’occasion de la signature du traité sur l’Union européenne, Maastricht, 7 février 1992 (discours en intégralité)
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